Survie

Congo-Kinshasa : "on" meurt - à feu et à sang - au vu et au su...

Publié le 17 avril 2003

"On" meurt au Congo-Kinshasa : au gré d’intérêts de sécurité, économiques, géopolitiques, "politico-militaires", mafieux ou individuels ; au fil d’alliances constamment fluctuantes, des intérêts de factions en lutte pour le pouvoir ou de la manipulation de groupes identitaires. "On" y meurt, dans bien des cas, sans savoir pourquoi, dans le désintérêt d’un monde dont l’attention est attirée vers d’autres horizons.

Des millions de Congolais subissent les multiples effet d’un conflit à maintes facettes dont on ne voit pas d’issue apparente. Dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) des centaines de milliers de civils ont fui des agressions intriquées, autant ont succombé à celles-ci - parfois, comme récemment à Dro-Dro, en Ituri, aux coups de machettes dont les porteurs sont encore non identifiés. L’odeur pestilentielle d’or noir ou jaune règne sur ce cimetière.

A la suite du dernier massacre avéré, les Nations Unies ont envoyé en Ituri une mission d’enquête [1] chargée d’« établir une partie des faits et de déterminer quels moyens seraient nécessaires pour mener une enquête approfondie, dans le but ultime de traduire en justice les responsables ».

Des sources sud-kivutiennes, recueillies par l’AFP et le Réseau France Congo (RFC, une ONG lyonnaise) et relayées par Le Soir de Bruxelles, font état d’une trentaine de villages au sud de Bukavu qui auraient subi massacres, pillages, incendies...

Le Rwanda et l’Ouganda s’accusent mutuellement d’entretenir le désordre : Kigali l’attribue aux soutiens que son voisin, comme le gouvernement congolais, apportent aux extrémistes hutu rwandais encore dans la région ; Kampala accuse Kigali de soutenir les éléments de ses rébellions intérieures.

La situation est complexe ? Sans doute. Les observateurs l’interprètent souvent en fonction de leurs "sympathies" ou de leurs objectifs ? Certes. Pour ceux qui meurent, c’est tout simple. Il y a des assassins, dont il faut faire cesser les activités assassines. L’urgence n’est pas ailleurs.

L’ONU doit rassembler d’urgence tous les moyens nécessaires pour mener, partout où des massacres sont signalés, des commissions d’enquête approfondies. La Cour pénale internationale a été instituée pour juger les crimes contre l’humanité. Et si la menace de ses sanctions "aidait" les acteurs du conflit à trouver des solutions politiques à leurs différends ?

* En dernière minute : On nous signale l’arrestation, hier 16 avril à Lumumbashi, de MM. Prince Kumwamba, directeur administratif adjoint de l’Asadho-Katanga et Grégoire Mulamba, secrétaire général du Centre des Droits de l’Homme et du droit humanitaire. Emmenés à la prison de la Kasapa, ils seraient jugés pas la Cour d’Ordre Militaire (COM) pour "incitation à la rébellion". Comment qualifier ce dernier accroc dans la panoplie de promesses du Président congolais de respecter et faire respecter les libertés publiques ?

[1Composée de membres de la Monuc (mission de l’ONU en RDC) et du bureau du Haut Commissariat aux droits de l’Homme à Kinshasa

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