Survie

République Démocratique du Congo : 115 condamnations à mort ? Urgence

Publié le 23 octobre 2002 (rédigé le 23 octobre 2002) - Survie

On ne pouvait que se féliciter des engagements pris par la République Démocratique du Congo (RDC) en faveur d’un certain nombre de garanties dans l’exercice de la justice - notamment les restrictions à l’utilisation de la Cour d’ordre militaire (COM) et le moratoire aux exécutions capitales.

Or le déroulement du procès des 135 accusés de l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila et le réquisitoire du procureur, le colonel Charles Alamba, font redouter un terrible retour en arrière.

D’une part il a requis pas moins de 115 condamnations à mort, confirmant par là-même la suspension du moratoire des exécutions capitales. D’autre part, il a été jusqu’à requérir la peine de mort contre les épouses de suspects en fuite. Il ne s’agit plus des standards minimum d’une justice digne de ce nom, mais de méthodes qui caractérisent la barbarie des régimes totalitaires.

Ajoutons que, selon des organisations de droits de l’Homme telles que la Voix des sans Voix et Les Toges Noirs, pratiquement tous les accusés ont été torturés.

Il est clair que la mise en œuvre des réquisitoires du Procureur ruinerait les promesses d’une rupture avec l’arbitraire et les crimes du mobutisme. Les diplomaties française et belge avaient besoin de ces promesses pour justifier leur soutien au régime de Kinshasa : elles devraient donc s’employer à dissuader ces exécutions massives.

Selon de nombreuses sources humanitaires en RDC, la recrudescence des violations des droits humains est manifeste, chez toutes les parties impliquées dans le conflit. Aujourd’hui, l’urgence se situe là où des innocents pourraient être passés par les armes, sous la responsabilité d’un Etat reconnu par la communauté internationale. Le silence à ce sujet ne ferait sûrement pas avancer la cause de la paix civile, si ardemment espérée par les Congolais.

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