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Ibni Oumar Mahamat Saleh : une disparition couverte depuis 4 ans ?

Publié le 3 février 2012 - Survie

En ce jour de commémoration des 4 ans de la disparition du leader politique tchadien Ibni Oumar Mahamat Saleh, enlevé par des membres de la garde présidentielle tchadienne, l’association Survie demande la déclassification des documents diplomatiques et militaires en possession des autorités françaises pour faire la lumière sur toutes les responsabilités respectives dans cette affaire.

Le 23 mars 2010, François Zimeray, ambassadeur de France en charge des Droits de l’Homme, déclarait dans ce sens à l’Assemblée nationale : « Je veux être très clair : dans l’intérêt des droits de l’Homme et dans son propre intérêt, la France ne couvre et ne couvrira personne. »

L’association Survie tient à rappeler que des conseillers militaires français du dispositif Epervier, qui, officiellement, ne prévoit aucune participation dans les combats mais seulement un soutien en renseignement et logistique, étaient alors en poste à la présidence. L’un deux, Jean-Marc Gadoulet, a récemment fait parlé de lui, lors d’une fusillade au Mali dans une zone contrôlée par des rebelles. Il était semble-t-il sur les lieux pour négocier de manière privée la libération d’otages français. En février 2008, quelques mois après l’attaque de N’Djamena par des rebelles, il était décoré par Nicolas Sarkozy de l’ordre de la Légion d’Honneur. C’est seulement après la publication du rapport de la commission d’enquête tchadienne sur les événements de 2008 qu’il a quitté l’armée.

D’autres éléments laissent entendre une participation française au-delà de son mandat, entre autres les déclarations contradictoires de l’ambassadeur de France à Ndjamena de l’époque, M. Bruno Foucher, mais aussi d’autres hauts responsables politiques français.

Base militaire française non avouée, l’armée française installée au Tchad depuis 1986 est composée de 950 hommes . Elle a participé au renversement et au soutien des dictateurs de ce pays : Tombalbaye, Habré, Déby....

Alors que le maintien de la présence militaire française au Tchad a été réaffirmé le 24 décembre dernier par le secrétaire d’État aux Anciens combattants,Marc Laffineur, l’association Survie demande tout simplement le retrait de l’armée française au Tchad.

Vous pouvez signer l’appel urgent lancé par l’ACAT [1].

Vous pouvez consulter la tribune publiée par l’ACAT à l’occasion de cette commémoration : Tchad : l’affaire Ibni Oumar Mahamat Saleh, un crime d’État couvert par le silence de la France ?

À relire, le communiqué publié par Survie le 19 avril 2011 : Présidentielle au Tchad : la France et l’Union Européenne soutiennent la dictature Déby sous couvert de démocratie

[1Action des chrétiens pour l’abolition de la torture

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