Survie

Tchad : Tentative d’assassinat à l’encontre de M. Michel Barka et actes de surveillance à l’encontre de M. Massalabaye Tenebaye

Publié le 26 octobre 2009 - FIDH, OMCT

4 jours à peine après la visite-éclair à l’Elysée du très françafricain Idriss Déby, l’Observatoire, programme commun de la FIDH et de l’OMCT, nous alerte sur de nouvelles violations des droits humains dans ce pré carré de l’armée française. A en juger par son silence, Nicolas Sarkozy, qui a renoncé à réclamer la lumière sur la disparition, début février 2008, de l’opposant Ibni Oumar Saleh, semble faire bien peu de cas de 2 militants de la société civile tchadienne menacés de morts et espionnés. Sans doute est-il plus préoccupé par les accords commerciaux avec le régime tchadien, tel que les contrats de vente d’armes françaises à Ndjamena, qui ont progressé de 50 % en 2008 pour atteindre près de 13 millions d’euros.

APPEL URGENT - L’OBSERVATOIRE

L’Observatoire, programme de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.

Tentative d’assassinat / Menaces pour la sécurité / Surveillance

Tchad

22 octobre 2009

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante au Tchad.

Description de la situation

L’Observatoire a été informé de sources fiables d’une tentative d’assassinat à l’encontre de M. Michel Barka, président de l’Union syndicale du Tchad (UST), et d’actes de surveillance menés contre M. Massalabaye Tenebaye, président de la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH).

Selon les informations reçues, le 13 octobre 2009 vers 19h, alors qu’il se trouvait au volant de son véhicule, M. Michel Barka a été suivi par plusieurs véhicules banalisés. Une personne en civil sans aucune identification s’est ensuite interposée au milieu de la route, lui barrant le chemin. Afin d’échapper à ce qu’il craignait être une arrestation illégale, M. Barka a tourné dans une rue perpendiculaire et a alors été pris en filature par un motocycle. Lorsque M. Barka s’est arrêté, le conducteur du motocycle a brandi une arme de poing en direction du véhicule de M. Barka, qui a réussi à prendre la fuite.

Le même jour, alors qu’il sortait des locaux de la LTDH pour rencontrer un partenaire international, M. Massalabaye Tenebaye a constaté qu’il faisait l’objet d’une filature jusqu’à son domicile, fait qui s’est répété le 14 octobre au matin.

M. Michel Barka et M. Massalabaye Tenebaye se sont rendus en février 2009 à Paris et à Bruxelles en tant que délégués du Comité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation (CSAPR), où ils ont alerté les autorités françaises et les représentants de l’Union Européenne au sujet de la situation politique et sécuritaire au Tchad. Ils ont notamment témoigné des blocages de la mise en oeuvre des recommendations de la Commission d’enquête établie pour faire toute la lumière sur les violations des droits de l’Homme perpétrées lors de la tentative de coup d’Etat en février 2008.

Le 20 octobre 2009, suite à l’agression dont M. Barka a été victime et la filature dont M. Tenebaye a fait l’objet, M.Tenebaye a été reçu par le ministre tchadien de l’Intérieur et de la sécurité publique, accompagné du directeur de la Police Nationale, du directeur de la Sécurité Publique et du directeur des Renseignements Généraux, qui ont assuré qu’ils prendraient toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de M. Barka et de M. Tenebaye ainsi que l’ouverture d’une enquête approfondie sur les faits.

L’Observatoire exprime sa plus vive préoccupation et son inquiétude pour l’intégrité physique et psychologique de M. Michel Barka et de M. Massalabaye Tenebaye ainsi que pour celle de tous les défenseurs des droits de l’Homme au Tchad, et rappelle aux autorités tchadiennes leur obligation de protéger les défenseurs des droits de l’Homme conformément à l’article 12.2 de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998.

Actions requises

L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités tchadiennes en leur demandant de :

i. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Michel Barka et de M. Massalabaye Tenebaye ainsi que de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme tchadiens ;

ii. Mener effectivement une enquête exhaustive, indépendante et impartiale sur les faits décrits ci-dessus, ce afin d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal civil indépendant, compétent et impartial et d’appliquer les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi ;

iii. Veiller à ce qu’un terme soit mis à toute forme de menaces et de harcèlement à l’encontre de M. Michel Barka, de M. Massalabaye Tenebaye et de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme tchadiens ;

iv. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement à son article 1 qui stipule que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales aux niveaux national et international” et son article 12.2 qui prévoit que “l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration” ;

v. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Tchad.

Adresses

M. Idriss Deby, Président de la République, Présidence de la République, B.P. 74 N’Djamena, Tchad, Fax : (235) 51 45 01

M. Youssouf Saleh Abbas, Premier Ministre, Primature N’Djamena, Tchad, Fax (235) 52 20 89, Email : cpcprimt(a)intnet.td

M. Jean Bawoyeu Alingue, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Ministère de la Justice BP. 426 N’Djaménal, Tchad, Tel./Fax (235) 52 21 39

M. Ahmat Mahamat Bachir, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, BP. 742 N’Djaména, Tchad, Tel/Fax : (235) 51 71 59

Ambassadeur M. Malloum Bamanga Abbas, Mission permanente de la République du Tchad auprès de l’Office des Nations unies à Genève, rue Tronchin 14, 1202 Genève, Suisse, E-mail : mission.tchad(a)bluewin.ch, Fax : +41 22 774 25 27

Prière d’écrire également aux représentations diplomatiques du Tchad dans vos pays respectifs.

***

Paris-Genève, le 22 octobre 2009

Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

L’Observatoire, programme de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.

L’Observatoire a été lauréat 1998 du Prix des Droits de l’Homme de la République Française.

Pour contacter l’Observatoire, appeler La Ligne d’Urgence :

E-mail : Appeals(a)fidh-omct.org

Tel et fax OMCT : + 41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29

Tel et fax FIDH : 33 1 43 55 20 11 / 33 1 43 55 18 80

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