Survie

L’Or noir du Nigeria

Pillages, ravages écologiques et résistances

Publié le 21 septembre 2012 (rédigé le 3 septembre 2012) - Xavier Montanyà

La situation du delta du Niger est un des plus grands scandales politique, écologique, humain, dans le monde et le plus ignoré.

La tragédie se déroule dans le plus grand silence, et pour cause, elle est l’œuvre des grandes puissance qui profitent des ressources du Nigeria via leurs multinationales.

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Le delta du Niger est le deuxième plus grand delta du monde. Depuis la nuit des temps un delta est un lieu béni, du fait de la fécondité de ses terres alluviales, régulièrement irriguées par les crues du fleuve. Il appartenait au XXe siècle et à la civilisation occidentale d’en faire un lieu de damnation. « The flares of Shell are the flames of hell », dit une chanson Ogoni. Depuis qu’on a découvert dans ce delta un pétrole de très grande qualité, le désastre a commencé pour la population.

L’exploitation s’est faite voracement dans le plus grand mépris des lieux et des habitants, avec la seule recherche du profit maximum. Il y a le scandale du « torchage » des gaz. L’extraction du pétrole s’accompagne d’émission de gaz.

Comme il faudrait des investissements pour capter ce gaz, les compagnies préfèrent le brûler. Ainsi est dilapidée cette ressources énergétique non renouvelable. Elle sert seulement à faire du site du delta le lieu où la couche d’ozone terrestre est la plus détruite. Les retombées du torchage se font en pluies acides qui détruisent la végétation et stérilisent la terre la plus féconde de la planète.

La population sur place est toujours privée d’eau, d’électricité, d’éducation et de soins de santé. Qu’importe puisque Shell et compagnie y trouvent leur compte.

Il y a le scandale des fuites de pétrole. Chaque année des millions de tonnes de brut se déversent sur les terres du delta. Les fuites sur les pipeline sont occasionnées par le manque d’entretien et de surveillance de l’acheminement. Les villages pataugent littéralement dans l’huile qui suinte des canalisations qui les traversent. C’est le plus grand désastre écologique du monde, bien avant ceux qui se sont produits en Alaska, dans le golfe du Mexique ou sur les côtes bretonnes. Toute la faune et la flore disparaît et les gens meurent sur leur terre devenue invivable.

300 fuites majeures touchent chaque année le Nigéria

Mais malheur à ceux qui s’opposent au rouleau compresseur du profit. Ken Saro Wiwa, écrivain, poète, a été exécuté par pendaison le 10 novembre 1995, pour ses actions de défense du peuple Ogoni, avec le MOSOP (MOvement for the Survival of the Ogoni People).

Le delta du Niger est aussi le théâtre d’une lutte de libération, avec le MEND (Movement for the Emancipation of the Niger Delta). Les combattants pratiquent des prises d’otages de techniciens étrangers travaillant sur les sites d’extraction. L’insécurité caractérise maintenant toute la région, sinistre retombée des profits évaporés via les paradis fiscaux au profit des compagnies étrangères et de l’oligarchie corrompue qui gouverne l’État.

Combien de temps cette criminelle exploitation pourra-t-elle se poursuivre dans une totale impunité ? Tant que le monde se bouchera les yeux et les oreilles devant tant de violence faite aux peuples engagés dans un affrontement tellement inégal.

Chronique rédigée par Odile Tobner dans Billets d’Afrique n°216 - septembre 2012.

De Xavier Montanyà L’Or noir du Nigeria, Pillages, ravages écologiques et résistances Traduit du catalan par Raphaël Monnard Edition Agone, collection des Dossiers Noirs de Survie. DN 25. Parution : 14 septembre 2012

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