Le 11 septembre dernier, sur instruction du ministère des Affaires étrangères, un courrier était envoyé aux directions régionales des affaires culturelles (Drac) leur sommant « de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso [...] sans délai, et sans aucune exception » (Mediapart, 15/09/23). Transmis aux structures culturelles, ce message précisait également que « la France ne délivre plus de visas pour les ressortissants de ces trois pays sans aucune exception, et ce jusqu’à nouvel ordre ». Quelques jours plus tard, le 15 septembre, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche annonçait la suspension des visas étudiants pour les ressortissants du Mali, du Niger et du Burkina Faso (RFI, 18/09/23). Officiellement, ces suspensions de visas sont liées au « contexte sécuritaire extrêmement dégradé » et à la fermeture des services consulaires français dans les trois pays (Rima Abdul Malak sur RTL, 15/09/23). Mais l’argument ne tient pas : si au Niger il faut effectivement se rendre au consulat pour obtenir un visa, la procédure se fait en ligne depuis des mois au Mali et au Burkina Faso. Face au rejet diplomatique et militaire opposé dans son pré carré par les nouveaux régimes des trois pays, la France agite mesquinement la menace de couper les ponts culturels. Ces mesures laissent sur le carreau des milliers de Sahélien.ne.s censé.e.s faire leur rentrée universitaire en France, et ont indigné l’ensemble des acteurs de la « diplomatie culturelle » qu’Emmanuel Macron appelait pourtant de ses vœux, contraignant l’exécutif à un rétro-pédalage partiel.