En 1975, la France organise un référendum d’indépendance île par île et non pour l’ensemble de l’Archipel comme l’exige le droit international. Terrorisant les électeurs et truquant les résultats, elle arrache illégalement Mayotte aux Comores, acte condamné depuis par une vingtaine de résolutions de l’ONU. Les Comores deviennent alors une base pour les trafics les plus troubles du gratin françafricain : armes, mercenariat, affairisme avec le régime d’apartheid sous embargo… Deux hommes ont accompagné les putschistes successifs, au nom des intérêts françafricains. Le premier est le mercenaire Bob Denard qui a fait et défait les pouvoirs locaux durant la première phase de sabotage politique, de 1975 à 1995, menant même en personne un assaut meurtrier contre le président Abdallah en 1989. Le second est Jean- Yves Ollivier, qui a entre autres servi de relais dans un vaste trafic d’armes… En 1997, alors que Bob Denard est écarté des Comores, les îles d’Anjouan puis de Mohéli se déclarent indépendantes, poussées par un lobby français visant à poursuivre le sabotage politique : cette multiplication des conflits internes, proches parfois de la guerre civile, accable un peu plus la population (dont un des protagonistes, le colonel séparatiste Bacar, dictateur sur Anjouan, sera soustrait à la justice comorienne par Nicolas Sarkozy en 2008). Le colonel Azali, formé en France, prend le pouvoir en 1999 et entérine la logique séparatiste dans la Constitution de 2002, contre la solution de maintien de la fédération qu’avait trouvée l’Organisation de l’Unité Africaine : chaque île aura son propre président, dans un bric-à-brac électoral permanent trop coûteux pour les Comores. La première élection présidentielle libre a lieu en 2006, et le religieux Ahmed Abdallah Sambi l’emporte, et corrige en partie la Constitution. Il est suivi du président Ikililou Dhoinine. Mais en 2016, c’est le retour du colonel Azali au pouvoir. En 2019, il se fait réélire dans des élections anticipées contestées et réprimées. La diaspora comorienne de France se mobilise pour dénoncer cette mascarade électorale, pourtant, le dictateur est reçu en grandes pompes à l’Élysée quelques mois après son élection truquée. Entre les deux présidents, aucun dialogue n’est engagé autour de la souveraineté de l’île de Mayotte mais une aide financière de la France est versée aux Comores pour lutter contre « l’immigration clandestine ». En effet, depuis 1995, le visa Balladur impose aux Comorien-ne-s d’obtenir un visa de la France pour se rendre sur Mayotte, ce qui place par conséquent les Comorien-ne-s dans une situation d’illégalité chez eux à Mayotte s’ils n’ont pas ce visa.
En 1974, les Comores (archipel de l’Océan indien composé de 4 îles), alors colonie française, se prononcent pour leur indépendance. À l’issue du référendum, la France procède à un comptage des voix par île et non sur l’ensemble du pays, comme le prévoit pourtant le droit international. Cela lui permet de garder l’île de Mayotte au sein de ses territoires d’outre-mer pendant que le reste des Comores devient indépendant. En 1995, la France impose aux Comorien-ne-s un visa pour se rendre à Mayotte, le « visa Balladur ». Quasiment inaccessible pour les Comorien-ne-s, il les pousse à traverser le bras de mer qui sépare Mayotte du reste des Comores à bord de bateaux de fortune provoquant la mort de dizaines de milliers de personnes dans l’Océan indien. Ce visa crée une distinction entre les Comoriens d’un côté et les Mahorais de l’autre pourtant issus d’un même peuple partageant culture, religion et langue. Elle se cristallise en 2011 lorsque Mayotte, après avoir connu de nombreux statuts de collectivité d’outre-mer, devient un département français ; permettant ainsi à la France de pérenniser sa position dans la zone, stratégique pour le contrôle du canal de Mozambique.
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