Survie

Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles

Publié le 3 décembre 2006 - François Lille, Sharon Courtoux

Après la déclaration universelle adoptée par l’AG des Nations Unies en 2002 sur proposition de l’UNESCO, voici en Octobre 2005 l’étape suivante, celle d’une convention internationale qui portera ces principes au niveau opérationnel, c’est-à-dire juridiquement contraignants pour les nations l’ayant introduit dans leur droit positif. C’est dire que l’étape suivante, celle des ratifications, est essentielle. Restera l’application...

Préambule de la Convention

La Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la
culture, réunie à Paris du 3 au 21 octobre 2005 pour sa 33e session,

Affirmant que la diversité culturelle est une caractéristique inhérente à l’humanité,

Consciente que la diversité culturelle constitue un patrimoine commun de l’humanité et qu’elle
devrait être célébrée et préservée au profit de tous,

Sachant que la diversité culturelle crée un monde riche et varié qui élargit les choix possibles,
nourrit les capacités et les valeurs humaines, et qu’elle est donc un ressort fondamental du
développement durable des communautés, des peuples et des nations,

Rappelant que la diversité culturelle, qui s’épanouit dans un cadre de démocratie, de tolérance,
de justice sociale et de respect mutuel entre les peuples et les cultures, est indispensable à la
paix et à la sécurité aux plans local, national et international,

Célébrant l’importance de la diversité culturelle pour la pleine réalisation des droits de
l’homme et des libertés fondamentales proclamés dans la Déclaration universelle des droits de
l’homme et dans d’autres instruments universellement reconnus,

Soulignant la nécessité d’intégrer la culture en tant qu’élément stratégique dans les politiques
nationales et internationales de développement, ainsi que dans la coopération internationale
pour le développement, en tenant également compte de la Déclaration du Millénaire de l’ONU
(2000) qui met l’accent sur l’éradication de la pauvreté,

Considérant que la culture prend diverses formes dans le temps et dans l’espace et que cette
diversité s’incarne dans l’originalité et la pluralité des identités ainsi que dans les expressions
culturelles des peuples et des sociétés qui constituent l’humanité,

Reconnaissant l’importance des savoirs traditionnels en tant que source de richesse
immatérielle et matérielle, et en particulier des systèmes de connaissance des peuples
autochtones, et leur contribution positive au développement durable, ainsi que la nécessité
d’assurer leur protection et promotion de façon adéquate,

Reconnaissant la nécessité de prendre des mesures pour protéger la diversité des expressions
culturelles, y compris de leurs contenus, en particulier dans des situations où les expressions
culturelles peuvent être menacées d’extinction ou de graves altérations,

Soulignant l’importance de la culture pour la cohésion sociale en général, et en particulier sa
contribution à l’amélioration du statut et du rôle des femmes dans la société,

Consciente que la diversité culturelle est renforcée par la libre circulation des idées, et qu’elle
se nourrit d’échanges constants et d’interactions entre les cultures,

Réaffirmant que la liberté de pensée, d’expression et d’information, ainsi que la diversité des
médias, permettent l’épanouissement des expressions culturelles au sein des sociétés,

 2 -

Reconnaissant que la diversité des expressions culturelles, y compris des expressions
culturelles traditionnelles, est un facteur important qui permet aux individus et aux peuples
d’exprimer et de partager avec d’autres leurs idées et leurs valeurs,

Rappelant que la diversité linguistique est un élément fondamental de la diversité culturelle, et
réaffirmant le rôle fondamental que joue l’éducation dans la protection et la promotion des
expressions culturelles,
Considérant l’importance de la vitalité des cultures pour tous, y compris pour les personnes
appartenant aux minorités et pour les peuples autochtones, telle qu’elle se manifeste par leur
liberté de créer, diffuser et distribuer leurs expressions culturelles traditionnelles et d’y avoir
accès de manière à favoriser leur propre développement,
Soulignant le rôle essentiel de l’interaction et de la créativité culturelles, qui nourrissent et
renouvellent les expressions culturelles, et renforcent le rôle de ceux qui oeuvrent au
développement de la culture pour le progrès de la société dans son ensemble,
Reconnaissant l’importance des droits de propriété intellectuelle pour soutenir les personnes
qui participent à la créativité culturelle,

Convaincue que les activités, biens et services culturels ont une double nature, économique et
culturelle, parce qu’ils sont porteurs d’identités, de valeurs et de sens et qu’ils ne doivent donc
pas être traités comme ayant exclusivement une valeur commerciale,

Constatant que les processus de mondialisation, facilités par l’évolution rapide des
technologies de l’information et de la communication, s’ils créent les conditions inédites d’une
interaction renforcée entre les cultures, représentent aussi un défi pour la diversité culturelle,
notamment au regard des risques de déséquilibres entre pays riches et pays pauvres,

Consciente du mandat spécifique confié à l’UNESCO d’assurer le respect de la diversité des
cultures et de recommander les accords internationaux qu’elle juge utiles pour faciliter la libre
circulation des idées par le mot et par l’image,

Se référant aux dispositions des instruments internationaux adoptés par l’UNESCO ayant trait
à la diversité culturelle et à l’exercice des droits culturels, et en particulier à la Déclaration
universelle sur la diversité culturelle de 2001,

Adopte, le 20 octobre 2005, la présente Convention.

Texte de la convention

a lire aussi