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Espèces menacées en voie d’extension

Publié le 17 novembre 2004 - Survie

Libération, France, 17 novembre 2004.

Alors que s’ouvre aujourd’hui à Bangkok le troisième congrès mondial de l’Union mondiale pour la nature (UICN), cet organisme basé à Gland (Suisse) dresse sa « liste rouge » des espèces menacées de disparition sur la planète. 15 589 espèces sont aujourd’hui confrontées à un risque d’extinction, contre 12 259 pour la liste 2003 ­ avec une meilleure connaissance de la biodiversité, de nouvelles espèces sont aussi prises en compte chaque année. Un amphibien sur trois, près de la moitié des tortues d’eau douce, un oiseau sur huit et un mammifère sur quatre sont menacés d’extinction.

« Nous mettons sur la table une information scientifique, transmise depuis plus de cinquante ans par un réseau d’experts international, explique à Bangkok Jean-Christophe Vié, chef du programme espèces à l’UICN. La crise de la biodiversité continue. Mais les pays ont réalisé qu’il fallait agir. » La liste rouge 2004 (www.iucn.org) met en évidence les grandes tendances depuis 2000, date de la dernière analyse approfondie. Pour la première fois, la liste comprend une évaluation complète des amphibiens, des cycadées (52 % menacées) et des conifères (25 %). Au total, 784 espèces animales et végétales sont considérées comme éteintes et 60 ne survivent qu’en captivité ou culture. La disparition de l’habitat ou sa dégradation en sont les causes principales. Ainsi pour les eaux douces, dont l’état atteint directement les amphibiens et les tortues. Autre constatation, la plupart des espèces menacées se situent dans des zones à forte densité démographique.

Au cours des vingt dernières années, 27 extinctions à l’état sauvage ont été répertoriées. Pourtant l’UICN donne quelques bonnes nouvelles. Des actions de conservation ou de réintroduction ont porté leurs fruits. « Le rhinocéros blanc du Sud ou le putois à pieds noirs ont été sauvés alors qu’ils étaient au bord de l’extinction », note Achim Steiner, directeur général de l’UICN. Les cas d’amélioration sont néanmoins minoritaires et les opérations de réintroductions, coûteuses, ne sont pas toujours efficaces. L’Union européenne s’est fixé pour objectif de mettre un terme à l’érosion de la diversité biologique d’ici à 2010. Voilà qui va demander de l’imagination aux participants de Bangkok.

Par Sylvie BRIET


Espèces menacées

Succès - L’oryx La réintroduction d’Oryx dammah en Tunisie a été un succès puisque la deuxième génération y prospère. Un habitat suffisamment vaste est indispensable pour ce genre d’opérations.

Echec - L’olivier de sainte-Hélène Ce petit arbre qui poussait sur une île de l’Atlantique était considéré comme disparu. On en a retrouvé un en août 1977, il est mort en 1994. On a tenté de le cultiver. En vain.

Succès - La loutre d’Europe Sa situation s’est améliorée. Elle est passée selon les critères de l’UICN de vulnérable à quasi menacée.

Echec - Le rhododendron kanehirai Cette espèce endémique de Taiwan ne peut être réintroduite car son habitat naturel a été détruit par un barrage. Il a disparu.

Echec - La corneille d’Hawaï Sa situation s’est aggravée, elle est passée de la catégorie « en danger critique d’extinction » à celle d’« éteint à l’état sauvage ».

Succès - La grue américaine Son nombre était tombé à une quinzaine d’individus en 1941 à cause de la chasse et de la collecte des oeufs. Grâce à la création d’aires protégées, sa population a atteint le chiffre record de 194 oiseaux en 2004.

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