Survie

Fracture numérique : une association apporte le téléphone aux villages africains

Publié le 11 octobre 2005 - François-Xavier Verschave

Extraits tirés de RFI, France, 11 octobre 2005.

A force de parler de la pénurie d’équipement Internet sur le continent africain, on a tendance par oublier l’essentiel : le téléphone. Lui aussi fait défaut dans les zones rurales. Les projets se multiplient pour raccorder les populations locales. Parmi les initiatives déjà engagées, celle d’une association française le CSD-PTT (Coopération-Solidarité-Développement aux PTT) qui oeuvre au développement des télécommunications en Afrique.

L¹Afrique des villages est bel et bien absente des télécommunications. Dans le sud ouest du Burkina Faso, la population parcourt des distances moyennes de 35 kilomètres pour téléphoner. Dans ce pays situé au centre de l’Afrique de l’Ouest, on peut estimer à 450 000 le nombre de personnes possédant des téléphones fixes et mobiles. Mais l’accès à ce service universel de communication ne profite qu’à une partie relativement limitée de la population, celle qui vit dans les centres urbains. Dans la plupart des zones rurales, le téléphone reste inaccessible.

Outre le manque d’infrastructures, les villages souffrent le plus souvent d¹un enclavement en terme de télécommunications et en matière d’énergie. Sur cette base, le CSD-PTT (Coopération-Solidarité-Développement aux PTT) - une association créée par des professionnels de La Poste et de France Télécom - qui est fortement engagée dans la coopération avec des pays africains, a lancé des projets de téléphonie rurale. « La téléphonie dans les villages enclavés, c’est l’idée de base de notre association qui répond ainsi à une très forte demande de la population », rappelle à ce propos Bruno Jaffré, l’ancien président et fondateur de cette ONG.

Après le téléphone, l¹Internet

Au Burkina Faso, par exemple, le projet piloté par le CSD-PTT en collaboration avec l’Onatel, l’opérateur national a permis l’implantation de cabines téléphoniques dans quatre localités (Biba, Koin, Nimina et Yaba) de la province du Nayala dans la région de Toma, ainsi que dans le village de Sérékéni dans la province Kénédougou près de la frontière malienne. Dans ces zones au réseau filaire très pauvre, le choix technique s’est porté sur un système de liaison téléphonique radio, la technologie la plus adaptée dans les régions reculées comme l’explique Bruno Jaffré : « (...) Il restait donc à trouver de l’électricité. Des dispositifs alimentés par l’énergie solaire ont été mis en place pour assurer des situations d’indépendance énergétique aux installations ». (...) « Ce sont les villageois qui réalisent les abris à leurs frais. Ils assurent également l¹exploitation des liaisons et la sécurité des équipements. En effet, les panneaux solaires font l’objet de beaucoup de vols », explique Bruno Jaffré.

Par ailleurs, l’organisation qui apporte le savoir-faire n’entend pas financer seule ces projets. Elle compte sur la contribution des opérateurs nationaux, notamment pour l’achat du matériel très cher comme les panneaux solaires. Dans ce schéma d’organisation, « la liaison avec les populations sur place se fait grâce à des ONG locales. L’Ader qui est dirigé par des membres actifs de la communauté malienne en France a, par exemple, financé la première mission d’étude dans la région du Guidimakha au Mali », commente Bruno Jaffré. Et de rappeler que « l’association n’est qu’un aiguillon. L’objectif final est que ces projets continuent sans le CSD-PTT ». Sur ce point, la réussite est totale au Burkina Faso. En effet, le président de l’ONG Sodepostel (Solidarité développement dans les Postes et télécommunications), El Hadj Mousbila Sankara, vole désormais de ses propres ailes. Avec l’opérateur national burkinabé, il a mené tout seul des projets de raccordement de téléphones dans la région de Toma Bokin, ce qui a permis à l¹association française de s’investir dans d’autres pays.
(...)

par Myriam Berber (RFI)

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