Survie

L’ONU établit la liste noire des produits toxiques

Publié le 4 octobre 2004 - Survie

Extraits tirés de Novethic, France, 4 octobre 2004.

130 pays ont pris part à la première réunion de la Convention de Rotterdam, qui réglemente le commerce international des pesticides et des produits chimiques dangereux. Ce texte prévoit qu’aucune exportation ne peut avoir lieu sans que le pays importateur ait été informé des dangers potentiels liés au produit et qu’il ait donné son consentement. Le Canada et la Russie, grands exportateurs d’amiante, ont scandalisé les associations de victimes et les organisations écologistes, en refusant d’inscrire cette substance dans la " liste noire " des produits dangereux.

(...) La Convention de Rotterdam, ratifiée en 2003 par une soixantaine de pays, vient s’ajouter à la Convention de Bâle sur les exportations de déchets toxiques et à la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP), corpus réglementaire complété, en Europe, par le système REACH (Registration, Evaluation & Authorisation of Chemicals), qui instaure de nouvelles procédures d’autorisation des substances chimiques contenues dans les produits de consommation courante.
Trente pesticides et onze produits chimiques figurent désormais sur la " liste noire " établie par la Convention de Rotterdam (...). Un chiffre qui, certes, semble dérisoire, comparé aux quelques 70 000 produits présents sur le marché et auxquels viennent s’ajouter 1500 nouvelles substances par an. Mais la liste a toutefois vocation à être complétée chaque année et elle constitue un premier pas vers une gestion plus durable de ces produits, notamment pour les pays en développement, très consommateurs de pesticides à forte toxicité. "Ce Traité permettra aux pays en développement d’éviter de nombreuses erreurs commises auparavant dans les pays riches et qui se sont traduites par des victimes et des dégâts à l’environnement", indique Klaus Töpfer, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). (...)

Empoisonnements

On estime qu’il y aurait en effet chaque année un à cinq millions de cas d’empoisonnements aux pesticides, entraînant la mort de plusieurs dizaine de milliers d’ouvriers agricoles (dont des enfants) dans les pays du Sud. (...) La culture bananière constitue un exemple particulièrement inquiétant de l’utilisation des pesticides. Au Costa Rica, une étude de l’IUCN (Institut Universitaire pour la Conservation de la Nature) révèle que 44 kg de pesticides par hectare et par an sont utilisés, soit 16 fois plus que la quantité utilisée pour l’agriculture intensive des pays industrialisés... L’impact sanitaire et environnemental est catastrophique : pollutions des cours d’eau, atteintes à la biodiversité et érosion des sols, auxquels s’ajoutent les maladies liées à l’intoxication et les cas de stérilité chez les employés. D’autres cas d’empoisonnement, provoquant parfois des décès, ont été recensés au Sénégal, dans les plantations d’arachides.

" Crime abominable "

La responsabilité des gouvernements, en la matière, est fondamentale, et notamment celle des pays producteurs. Alors que plusieurs pays souhaitaient ajouter à la liste 5 formes d’amiante, le Canada et la Russie, grands producteurs d’amiante, ont bloqué la motion qui aurait permis l’ajout de l’asbestos chrysotile à la liste des composants dangereux réglementés par la Convention de Rotterdam. (...) Le Québec [est] le deuxième producteur mondial de chrysotile (...) "Le Canada se rend coupable de complicité d’un crime abominable qui consiste à répandre en toute connaissance de cause la maladie, la mort et d’atroces souffrances chez des milliers d’êtres humains", accuse dans un communiqué l’Association des victimes de l’amiante. La plupart des pays industrialisés occidentaux ont banni l’usage du chrysotile, ou sont en voie de le bannir, car son usage sécuritaire est jugé irréalisable, a poursuivi l’organisation québécoise. Face à cette situation, le Canada accentue ses efforts pour favoriser l’usage et l’exportation du chrysotile dans des pays pauvres où les contrôles et la réglementation laissent très souvent à désirer. (...)

Par Véronique Smée

© Novethic

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