Survie

La gratuité des soins, un élément indispensable des programmes de traitement par antirétroviraux

Faute de soins gratuits, beaucoup sont ceux qui ne peuvent avoir accès aux antirétroviraux

Publié le 10 décembre 2004 - Survie

Extraits tirés d’un article de Plusnews, Sénégal, 10 décembre 2004.

Bien qu’au Sénégal les médicaments antirétroviraux soient offerts aux personnes qui vivent avec le sida, les associations locales et la communauté scientifique affirment que ce n’est pas suffisant. Faute d’accès gratuit aux examens et aux soins, des personnes infectées continueront de mourir.

Pour le docteur Bernard Taverne, responsable des programmes antirétroviraux de l’Institut français de recherche pour le développement (IRD) à Dakar, le coût des examens de laboratoire, qui déterminent l’accès au traitement, est trop élevé pour les populations locales. “C’est un obstacle majeur à l’accès aux antirétroviraux,” a dit le docteur Taverne à PlusNews.

Selon une étude de l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS), le coût des dépenses médicales par patient et par jour est de 5 200 francs CFA (10,5 dollars), dans un pays où 50 pour cent de la population vit avec moins de 600 dollars par an. “Comme certains patients qui pourraient avoir accès gratuitement aux médicaments ARV ne sont pas en mesure de payer les tests préalables ni les traitements des infections opportunistes, ils en meurent,” a regretté Taverne.

Taverne est co-rédacteurs de la déclaration “Free by five” (gratuité des traitements en 2005) qui sera présentée à Durban et Paris le 13 décembre. Cette initiative milite pour un changement de stratégie vis-à-vis de la prise en charge des personnes infectées. “La gratuité pour tous d’un ensemble minimum de soins incluant les ARV au sein du système de santé publique est un préalable pour que les programmes de prise en charge médicale changent d’échelle, soient équitables et efficaces et fournissent une prise en charge de qualité,” écrivent ses auteurs. (...)

Au Sénégal, grâce à l’initiative nationale d’accès aux antirétroviraux (ISAARV) mise en place en 1998, 2 700 personnes reçoivent des traitements gratuits dans un pays qui fait désormais figure d’exemple en matière de politiques de prise en charge des personnes infectées. Pourtant, l’OMS estime à 12 000 le nombre de personnes qui devraient bénéficier d’un traitement antirétroviral au Sénégal.

L’absence de prise en charge des examens biologiques est un problème récurrent et majeur dans notre pays,” a dit Seynabou Mbodj, porte-parole de l’ONG Alliance nationale contre le sida (ANCS) à Dakar. “C’est bien d’avoir des médicaments gratuits mais il faut désormais aller dans le sens d’une prise en charge des bilans pré-traitements et des maladies opportunistes si l’on veut traiter tout le monde,” a t-elle ajouté.

Les infections opportunistes causent la plupart des maladies et des décès parmi les personnes infectées par le virus du sida. Comme le système immunitaire se détériore, l’organisme devient très vulnérable à nombre de virus, champignons ou bactéries qui causent des maladies fréquentes et sévères, comme la tuberculose.

Une politique nationale de lutte précoce et décentralisée

Selon la dernière enquête nationale, menée en 2003 dans 12 sites sentinelles auprès d’échantillons de populations à risque, 93 000 personnes sont infectés par le VIH au Sénégal et plus de 150 000 le seront en 2010, dans un pays où le taux de prévalence, de l’ordre de 1,5 pour cent, est l’un des plus bas d’Afrique. (...)

Le Sénégal abrite 65 centres de conseil et de dépistage anonyme et volontaire du VIH, selon le docteur Ibra Ndoye, secrétaire exécutif du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS), un organisme de surveillance et de coordination de la réponse contre l’épidémie crée en 1986. “Au Sénégal, où l’on voit depuis plus de vingt ans la présence du sida, on doit tout faire pour ne pas atteindre le taux de prévalence de trois pour cent, pour arriver à traiter 7 000 malades en 2006 et réaliser effectivement le dépistage auprès de 60 000 femmes,” a dit Ndoye.(...)

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