Survie

La planète en état de surexploitation

Publié le 22 octobre 2004 - Survie

Libération, France, 22 octobre 2004.

L’homme abuse de la planète. Selon le WWF (Fonds mondial pour la nature), il prélève 20 % de ressources naturelles de plus que ce qu’elle peut offrir de manière durable. C’est le principal résultat du rapport Planète vivante 2004 [1], rendu public hier à Bruxelles. Cartes, graphiques et tableaux à l’appui, le document recense l’emprise humaine sur les ressources écologiques à partir de données fournies par des organismes de l’ONU ou des études scientifiques. Pour se nourrir, se chauffer, se loger ou se déplacer et alimenter leur économie, les 6 milliards d’humains « absorbent » l’équivalent de 2,2 hectares chacun, quand la Terre ne peut en offrir de manière durable que 1,8 par habitant. Pire, si tous prélevaient leur écot à hauteur de ce que font les Américains du Nord, l’empreinte écologique humaine serait de 10 hectares, soit plus de 5 planètes.

Depuis 1960, calcule le WWF, cette demande de ressources biologiques a crû de 160 %. Une hausse spectaculaire qui s’explique en partie par le doublement de la population humaine au cours de la même période. Le reste provient surtout de l’essor économique des pays riches, dont l’emprise écologique a crû de 25 %. Si l’évolution de cette empreinte est lente à l’échelle de quelques années, la capacité de la planète à fournir des ressources biologiques est, elle, en baisse rapide. Dans la précédente édition de Planète vivante (2002), cette « biocapacité » s’affichait à 1,9 hectare par habitant, contre 1,98 en 1996. Une chute qui s’explique en partie par la dégradation rapide des ressources naturelles : pollution des eaux, érosion des sols, déforestation, emprise urbaine, etc. « Depuis 1980, nous avons franchi le seuil d’équilibre entre offre et demande. Plutôt que de vivre à partir des revenus du capital biologique de la planète, l’homme puise dans son capital », note Van Niel du WWF. Par exemple : les forêts sont exploitées au-delà de leur capacité de régénération. Dans un scénario de croissance démographique modérée (9 milliards de personnes en 2050), le WWF prévoit que la « dette écologique » atteindra quarante années dans 50 ans : « Il faudrait alors quarante ans sans activité humaine pour que les ressources puissent se régénérer », traduit Van Niel.

Par Denis DELBECQ

© Libération

[1Téléchargez le rapport sur le site du WWF Belgique sur ce lien

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