Survie

Sécurité électrique et privatisation

Publié le 28 août 2003 - Survie

Extraits tirés de La Tribune, France, 28 août 2003.

(...) De nombreuses expériences étrangères montrent que, dans un premier temps, la privatisation porte le fruit attendu : la concurrence se développe et les prix baissent en premier lieu sur le marché des "gros" consommateurs. S’ils baissaient aussi sur le marché des particuliers, les entreprises négligeraient l’entretien des lignes et des centrales ; aussi les sociétés augmentent-elles sensiblement les prix aux particuliers.

Le cas de British Energy est typique. Cette entreprise, qui fournit le 1/5 de l’énergie électrique britannique uniquement aux entreprises, était au bord de la faillite en novembre 2002. Le gouvernement a dû y injecter 899 millions de livres et lui garantir une subvention de 150 à 200 millions par an sur dix ans. L’entreprise n’a pas supporté la concurrence et ne pouvait plus faire face à ses impératifs d’investissement, alors que ses deux consoeurs, Scottish Power et Power Green, ont rééquilibré leurs comptes par une hausse des prix aux particuliers. Dans le même sens, le gouvernement espagnol est confronté en permanence à une entente larvée des trois entreprises Endesa, Iberdrola et Union Fenosa pour augmenter leurs prix au-delà de l’inflation. (...)

Multiplication des défaillances. Quant aux exemples de défaillances, ils tendent à se multiplier. La Californie, sixième économie de la planète, avait été privée d’électricité en janvier 2001. Seule une forte hausse des prix a permis de rétablir un certain équilibre, sans oublier le jeu très destabilisant des courtiers comme Enron, et celui des transactions à terme dont nous pourrions en France ressentir les effets puisque notre électricité est maintenant aussi cotée sur le marché à terme Powernext. (...) Mais le signal le plus clair à prendre en compte, c’est évidemment la grande panne qui vient d’affecter New York et le Nord-Est américain ; elle montre que les producteurs privés d’électricité ont complètement négligé la modernisation de leurs installations (...)

Par Jean Matouk, professeur honoraire de l’Université de Montpellier.

a lire aussi