Survie

Trafic aérien : pas de sanction pour la pollution

Publié le 13 octobre 2004 - Survie

Extraits tirés de NovethicInfo, France, 13 octobre 2004.

(...) A Montréal, la 35 ème assemblée de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a refusé l’adoption d’une taxe sur le kérosène pour la protection de l’environnement. (...)

En attendant, le trafic continue d’augmenter et constitue l’une des "pires menaces pour l’environnement", selon une étude parue début juillet 2004 [1]. Ses auteurs, les professeurs John Whitelegg et Howard Cambridge, sont membres de l’Institut de l’Environnement de Stockholm, spécialiste de l’environnement, du développement durable et de l’aide à la prise de décisions politiques. Le constat fait à partir de statistiques européennes est préoccupant. Depuis 50 ans, rappellent-ils, la demande globale du trafic aérien a augmenté de 9 % par an. La croissance prévue pour les vingt ans à venir varie entre 3 et 7 % : si aujourd’hui 1 milliard de personnes et 30 millions de tonnes de fret transitent par les airs, le nombre de kilomètres parcourus devrait tripler et le nombre d’avions doubler sur la même période. Sur le plan géographique, la croissance du transport aérien est plus forte en Europe et en Asie pacifique, ainsi qu’entre ces deux régions. La demande en Chine croît par exemple de 10 % par an contre 2 % aux Etats-Unis.

Selon l’étude, la croissance est renforcée par les changements stratégiques qu’a connu l’industrie aéronautique ces dernières années : l’arrivée des " low-cost " (compagnies à bas prix), la multiplication des vols courts, l’augmentation du fret aérien... tout concoure à démocratiser le recours à ce mode de transport.

Ce développement a un coût environnemental très élevé. Le transport aérien consomme 205 millions de tonnes de fuel (kérosène) par an et émet 305 millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES). Certes, l’aviation est responsable de 1 à 2 % des émissions de GES dues à l’activité humaine mais ces gaz, rejetés à des altitudes très élevées, ont un impact trois fois plus important que ceux émis au niveau du sol, expliquent les auteurs de l’étude. Ils concluent sur une prévision tout aussi inquiétante : l’aviation devrait représenter 15 % des causes de changement climatique à l’horizon 2050. (...)

Traitement de faveur pour l’aéronautique ?

Face à ces chiffres éloquents, l’étude soulève plusieurs questions épineuses : pourquoi les émissions de GES générées par le transport aérien international ne sont-elles pas prises en compte dans les inventaires des sources de pollution et par le protocole de Kyoto ? Ce dernier exclue en effet des valeurs cibles le kérosène utilisé par l’aviation. (...)

Autre question qui fâche : comment expliquer les avantages fiscaux et économiques dont bénéficie l’industrie des transports aériens et qui favorise sa dangereuse expansion ? Ainsi, l’étude cite le cas du Royaume-Uni, "où l’aviation reçoit chaque année une subvention de l’Etat de 9 milliards de livres sterling [plus de 13 milliards d’ euros, NDLR] et bénéficie d’exonération de taxes sur le fuel, d’avantages en matière de recherche et développement (contribution militaire) et d’une assistance généreuse pour les nouveaux aéroports et les infrastructures liées aux transports."

Pour les professeurs John Whitelegg et Howard Cambridge, tout ceci est une aberration (...). C’est pourquoi ils espèrent que leur étude sera le point de départ d’un débat global sur le transport aérien (...).

Par Sylvie Touboul

© Novethic

[1Pour lire l’intégralité de l’étude, aller sur ce lien.

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