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Joyandet au Congo, Sarkozy en Angola, Survie organise une manifestation "Business et dictatures" devant le siège de Total

Publié le 21 mai 2008 - Survie

Mercredi 21 mai, une vingtaine de militants de l’association Survie se sont réunis en face du siège de Total à la Défense (Paris) au moment où Nicolas Sarkozy commémorait l’opération militaire sur Kolwezi, et où le secrétaire d’Etat à la Coopération Alain Joyandet partait au Congo Brazzaville pour inaugurer une nouvelle plateforme pétrolière de Total, avant de rejoindre le 23 mai Nicolas Sarkozy en Angola.

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Cette action symbolique a vu la diplomatie française dérouler un tapis rouge aux entreprises françaises en Afrique. Une diplomatie VRP des intérêts privés français, intermédiaire dans la transmission de contrats et de valises à billets avec des dictateurs en armes, coutumiers du détournement d’argent du pétrole et des caisses de l’Etat.


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Denis Sassou Nguesso, dictateur du Congo depuis 24 ans et José Eduardo Dos Santos, dictateur de l’Angola depuis 29 ans, une des plus grandes réserves pétrolières d’Afrique, étaient protégés par un vétéran de Kolwezi, opération aéroportée, il y a pile 30 ans, à laquelle Nicolas Sarkozy a voulu rendre hommage ce même jour aux Invalides.

En effet, en mai 1978, 500 parachutistes de la légion avaient sauté sur Kolwezi, cette ville du Zaïre qui venait d’être prise par des rebelles. Le prétexte des occidentaux menacés sur place, mais peut-être plus par les hommes de Mobutu désireux de faire monter la pression, avait permis d’aller, en toute illégalité, sauver le dictateur Mobutu, grand ami de la Françafrique. Après Kolwezi, l’armée française a pu s’habituer à ce type d’opérations extérieures (comme au Tchad, en Centrafrique, en Côte d’Ivoire...). De grandes entreprises françaises ont quant à elles connu un formidable développement économique au Zaïre en mettant la main sur les ressources minières et pétrolières de cette région du Congo, juste après l’intervention armée. Et c’est ce pacte de sang que célèbrait en choeur Nicolas Sarkozy et les anciens paras de Kolwezi, ce 21 mai.

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Au cours de la scène, Nicolas Sarkozy et Alain Joyandet ont donc déroulé le tapis rouge sang aux entreprises françaises en Afrique : Total, Bouygues et Bolloré jusqu’au dictateurs amis de la France, Sassou Nguesso et José Eduardo Dos Santoas.

Nicolas Sarkozy, président de la Françafrique, se rend en effet en visite officielle vendredi 23 mai en Angola, dictature pétrolière qui ne doit sa survie qu’au détournement de l’argent du pétrole pour financer la guerre civile qui a ravagé le pays pendant 27 ans. Il sera accompagné d’Alain Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération qui se rend auparavant ces mercredi et jeudi 21 et 22 mai au Congo Brazzaville afin d’inaugurer une toute nouvelle plateforme pétrolière de la société Total.

M. Joyandet déclarait hier que « l’implantation des entreprises françaises en Afrique est l’une de [ses] priorités ». Cette symbiose entre le PDG de TotalFinaElf et le secrétaire d’état à la coopération nous rappelle forcément les paroles de l’ancien Président d’Elf, selon lequel « « le président d’Elf est à la fois président d’une société pétrolière et ministre bis de la Coopération »

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TotalFinaElf, représenté par son Directeur général Christophe de Margerie, est cette société qui, lorsqu’elle s’appelait Elf, a financé la guerre civile au Congo et les armes de l’actuel dictateur Sassou Nguesso afin de continuer à piller le pétrole congolais. C’est au prix de centaines de milliers de morts, que la société Elf, puis Total, s’est donc maintenue au Congo et continue son développement avec l’ouverture d’une nouvelle plateforme. TotalFinaElf finance les dictatures africaines, notamment par le versement de « bonus » de différents types, souvent bien peu transparents, dans la droite ligne d’Elf...

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Vincent Bolloré, est un ami de Nicolas Sarkozy, PDG du groupe Bolloré, bénéficiaire des faveurs de l’Etat français et des dictateurs africains pour l’obtention de contrats. C’est justement en Afrique, que Bolloré a fondé et étend actuellement son empire financier. En ce moment, avec le soutien actif de l’Elysée, il s’intéresse d’ailleurs aux installations portuaires du Togo et du Congo Brazzaville, qui comptent parmi les pires dictatures françafricaines.

Martin Bouygues, autre proche du président français, magnat des médias et du BTP, président du groupe Bouygues, bénéficie de gros contrats d’équipement financés par l’APD. La semaine dernière, le Canard Enchaîné révélait que l’Elysée chercherait à le faire bénéficier de la privatisation d’Areva, ce qui reviendrait à lui offrir l’uranium du Niger sur un plateau... Encore une belle affaire africaine pour l’ami du président !

M. Sarkozy ne va pas en Angola que pour le pétrole, cette realpolitik françafricaine doit bénéficier à toutes les plus grandes entreprises françaises.

L’Angola, on en entendra reparler bientôt : peut-être pour de juteux contrats, mais aussi parce qu’en septembre s’ouvrira le procès de « l’Angolagate », aussi instructif et explosif que l’affaire Elf !! Ce type de procès, tout le monde les redoute : les dictateurs africains, nos hommes politiques, et nos brillants entrepreneurs.

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Depuis maintenant 50 ans, la République française et ses différents présidents, du général De Gaulle à Jacques Chirac en passant par François Mitterrand, interviennent en Afrique, et notamment dans les anciennes colonies françaises, afin de maintenir au pouvoir des dictateurs amis et de permettre aux entreprises françaises d’exploiter allégrement les richesses naturelles du continent.

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Contrairement à ce que peuvent dire certains observateurs, cette Françafrique néocoloniale n’est pas morte. Bien au contraire, depuis son accession à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy mène une politique qui s’inscrit dans la continuité de celles de ses prédécesseurs.

La continuation d’une politique de la France en Afrique au service d’intérêts particuliers, sacrifiant la démocratie, la bonne gouvernance et les droits de l’Homme.


A lire également le communiqué de Survie du 21 mai 2008. De Kolwezi à l’Angola : business et dictature.

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