Survie

Toute honte bue

rédigé le 23 février 2024 (mis en ligne le 5 mai 2024) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Le 13 février 1960, alors que les Algériens du FLN tentaient de se libérer du joug de l’œuvre coloniale de la France, celle-ci ajoutait une touche radioactive au sanglant tableau en procédant à son premier essai nucléaire dans le Sahara algérien. Malgré l’indépendance, seize autres tirs de bombes atomiques auront lieu jusqu’en 1966 sur les sites de Reggane et In Ekker, comme autant de preuves affirmées aux yeux du monde que la France, même après les indépendances de ses possessions coloniales, comptait toujours parmi les grandes puissances. 64 ans plus tard, l’État français refuse toujours de prendre en charge la réhabilitation des sites en question, pourtant demandée officiellement par l’État algérien depuis 2021. Sans vergogne, Paris ne communique pas non plus les emplacements des sites d’enfouissement ni la liste des déchets radioactifs qui y ont été volontairement enfouis, au prétexte du secret défense. Il a déjà fallu attendre 50 ans de lutte conjointe des sociétés civiles algérienne, polynésienne et française pour que la loi Morin, poussivement appliquée selon les rapports du Sénat, prévoie la reconnaissance et l’indemnisation des victimes (travailleurs et populations exposées aux retombées radioactives). Combien de honteuses commémorations faudra-t-il encore pour que la France cesse ce mépris arrogant, symptôme d’une posture coloniale enracinée au sommet de l’État, et daigne enfin s’occuper des morbides retombées de son « rayonnement » ?

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 335 - mars 2024
Les articles du mensuel sont mis en ligne avec du délai. Pour recevoir l'intégralité des articles publiés chaque mois, abonnez-vous
Pour aller plus loin
a lire aussi