Le 13 février 1960, alors que les Algériens du FLN tentaient de se libérer du joug de l’œuvre coloniale de la France, celle-ci ajoutait une touche radioactive au sanglant tableau en procédant à son premier essai nucléaire dans le Sahara algérien. Malgré l’indépendance, seize autres tirs de bombes atomiques auront lieu jusqu’en 1966 sur les sites de Reggane et In Ekker, comme autant de preuves affirmées aux yeux du monde que la France, même après les indépendances de ses possessions coloniales, comptait toujours parmi les grandes puissances. 64 ans plus tard, l’État français refuse toujours de prendre en charge la réhabilitation des sites en question, pourtant demandée officiellement par l’État algérien depuis 2021. Sans vergogne, Paris ne communique pas non plus les emplacements des sites d’enfouissement ni la liste des déchets radioactifs qui y ont été volontairement enfouis, au prétexte du secret défense. Il a déjà fallu attendre 50 ans de lutte conjointe des sociétés civiles algérienne, polynésienne et française pour que la loi Morin, poussivement appliquée selon les rapports du Sénat, prévoie la reconnaissance et l’indemnisation des victimes (travailleurs et populations exposées aux retombées radioactives). Combien de honteuses commémorations faudra-t-il encore pour que la France cesse ce mépris arrogant, symptôme d’une posture coloniale enracinée au sommet de l’État, et daigne enfin s’occuper des morbides retombées de son « rayonnement » ?