Survie

Contre-inauguration du quai François Mitterrand : par devoir de mémoire

Publié le 26 octobre 2003

Dimanche 26 octobre en début d’après midi, une trentaine de militants de l’association Survie se sont rendus sur le quai François Mitterrand, baptisé le matin même en grande pompe par un cortège d’officiels amis et parents de l’ancien Président. En mémoire aux victimes du néocolonialisme de la Françafrique, les manifestants ont eu à cœur de lever le noir silence pesant sur certains aspects occultés de la biographie de ce dernier.

« Quai François Mitterrand Homme politique français Serviteur de la Françafrique néocoloniale Complice du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 »

Tel était le message des plaques factices apposées par les militants sur les plaques officielles fraîchement inaugurées et encore agrémentées des roses rouges symboles d’une « nostalgie mitterrandienne » si peu encline à ce que l’on « ternisse » la mémoire de l’ancien Président.

Loin des gesticulations politiciennes des militants du FN et de l’UMP, qui avaient eux aussi choisi de manifester leur hostilité à la cérémonie orchestrée par le maire de Paris, la démarche des militants de Survie se voulait avant tout citoyenne et informative. Le passé, voire le « passif » africain de François Mitterrand reste en effet fort peu connu du grand public. Il reste pourtant une clé importante pour quiconque souhaite comprendre les maux actuels du continent africain. Les tracts distribués aux passants se voulaient aussi explicites que possible sur cette biographie occultée d’un Président qui a soigneusement perpétué et entretenu des rapports néocoloniaux qui compromettent toujours l’émancipation et l’essor de l’Afrique.
Du rôle de François Mitterrand, ministre de la France d’Outre-Mer sous la IVème République (qui lui permit de prendre pied en Afrique et de nouer des contacts avec nombre de futurs dictateurs) à celui de François Mitterrand président de la République (qui conserva la logique de réseaux en la détournant au profit de son clan et de son parti), toutes les zones d’ombre étaient ainsi passées en revue, jusqu’à la tache rouge indélébile du soutien manifesté en 1994 au régime génocidaire rwandais. Ainsi l’ancien Président français fut le complice du massacre de plus de 800 000 Tutsi. « Un génocide sur la conscience » affichaient en lettres de sang les pancartes des militants de Survie, rappelant par la même occasion une phrase célèbre de l’ancien président :

« Dans ces pays là, un génocide ce n’est pas trop important »

François Mitterrand (cité par le Figaro)

C’est ce contraste avec le François Mitterrand auteur en 1990 du discours de La Baule (plaidoyer pour la démocratie en Afrique, vanté par certains comme le point de départ de la démocratisation d’une partie du continent) que l’association Survie, souhaite aujourd’hui dénoncer et étaler au grand jour.

Par devoir de mémoire, par respect pour les victimes de cette politique françafricaine et en hommage à tous ceux qui, ici ou là bas, l’ont combattue.

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