Survie

La France a soutenu le pouvoir rwandais, avant et pendant le génocide

Publié le 23 mars 2014

Soutien militaire

La France a formé l’armée et la gendarmerie rwandaises à partir de 1990, permettant aux effectifs des Forces Armées Rwandaises (FAR) d’être multipliés par 10 (de 5000 à 50 000 hommes). Des témoins ont indiqué que des miliciens ont également été formés par des militaires français. En 1990, pendant l’opération militaire Noroît, officiellement destinée à la protection des expatriés français, l’armée française s’engage aux côtés des FAR sur le front contre le FPR.

Les militaires français sont restés passifs face aux massacres. Pendant l’opération Amaryllis, mise en place pour l’évacuation des ressortissants français au début du génocide, les troupes françaises n’interviennent pas pour faire cesser les massacres alors qu’elles en ont les moyens. Pendant l’opération militaire Turquoise, dirigée par la France sous mandat de l’ONU, les soldats portent secours à des Tutsi tout en laissant par ailleurs des actes de génocide se poursuivre dans la zone sous leur contrôle. Ainsi, à Bisesero, des rescapés tutsi découverts par une patrouille française sont délibérément abandonnés 3 jours durant aux tueurs. Au moins un millier d’entre eux y laissent la vie.

La France a livré des armes avant le génocide. Elle en livre ou fait livrer après le début du génocide. L’embargo décidé par l’ONU n’empêche pas les armes d’arriver par Goma, au Zaïre, même quand l’aéroport est contrôlé par les militaires français de l’opération Turquoise.

Pendant l’opération Turquoise, la France a protégé puis exfiltré les génocidaires . La zone contrôlée par la France sert de refuge aux génocidaires qui n’y sont ni désarmés ni arrêtés. Le gouvernement intérimaire rwandais (GIR), une partie de l’armée et des milices génocidaires sont exfiltrés vers le Zaïre voisin avec armes et bagages. En refusant d’arrêter les acteurs du génocide et au contraire en facilitant leur fuite, la France viole la Convention de l’ONU sur le génocide qu’elle a signée qui enjoint de déférer les présumés coupables à la justice. De plus, ces armées préparent la reconquête du Rwanda, la France les entraîne et les réarme. Ils seront à l’origine de la destabilisation du Kivu sous le nom des FLDR.

Soutien diplomatique

Le soutien politique apporté au pouvoir rwandais est décisif.

Suite à l’attentat mortel contre l’avion du Président Habyarimana et à l’assassinat des responsables politiques opposés au génocide, le Gouvernement Intérimaire Rwandais (GIR) se constitue à l’ambassade de France à Kigali, avec le soutien de l’ambassadeur. Ce nouveau gouvernement devient le maître d’œuvre du génocide. Les autorités françaises soutiennent le GIR à l’ONU et reçoivent plusieurs de ses leaders en France : le 27 avril 1994, le ministre des Affaires étrangères du GIR (Jérôme Bicamumpaka) – lequel est en train de commettre le génocide – et le leader du parti extrémiste CDR sont reçus officiellement au Quai d’Orsay par Alain Juppé, à Matignon par Edouard Balladur et à l’Elysée par Bruno Delaye, conseiller Afrique de François Mitterrand.

Soutien financier

Les créanciers des génocidaires De 1991 à mars 1994, l’ensemble des bailleurs de fonds, dont la Banque mondiale et la coopération française, financent un régime dont ils savent qu’il affecte une grande partie de ces versements à l’achat d’armes et d’équipement, (50% des recettes de l’Etat en 1992), utilisées ensuite pendant le génocide. Pendant le génocide, le gouvernement trouve des banques qui acceptent de financer des achats d’armes, comme la BNP qui sert à payer l’achat du colonel rwandais Bagosora aux Seychelles livré les 16 et 18 juin 1994.

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