Sujet imposé par les médias à propos du Sommet France-Afrique : l’invitation du président zimbabwéen Robert Mugabe. Il a fallu rappeler qu’au départ, le Sommet France-Afrique ne comportait que des Présidents non ou mal élus ; que donc l’invitation des dictateurs est une vieille “tradition” ; qu’un quart seulement des chefs d’État africains est issu d’une élection incontestable ; et qu’une demi-douzaine au moins de chefs d’État francophones conviés au Palais des Congrès pourront être inquiétés au terme de leur mandat pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre ou tortures : ceux du Congo-B, du Tchad, de Mauritanie, du Togo, de Djibouti, de Tunisie... (le Centrafricain Patassé fait déjà l’objet d’une plainte à la Cour pénale internationale). Pourquoi les médias français ne s’intéressaient-ils qu’à l’anglophone Mugabe ?
Certes, il est fort peu recommandable : il a commis jadis des crimes contre l’humanité au Matabaleleland, et il livre maintenant à la famine cette région hostile. Aujourd’hui la cible des médias britanniques, Mugabe était célébré hier pour sa « modernité », malgré des massacres ethniques. Désormais il s’attaque aux Blancs et à leurs terres : l’intention est démagogique, l’opération est clientéliste, mais le problème des terres est réel. La maladresse des diatribes britanniques contre Mugabe est en train d’en faire un héros populaire de l’émancipation africaine. Ce qui est franchement contre-productif.
Et les médias français d’embrayer. Cela leur évitait de parler du Congolais Sassou Nguesso, par exemple - un familier de Chirac. Et d’entendre le témoignage bouleversant, durant « l’autre sommet », d’un rescapé des « disparus du Beach » - au moins 353 jeunes Congolais assassinés. Le miraculé, qui a rampé parmi les cadavres, estime à près de 1 200 le nombre des victimes. Le colonel Marcel Touanga, père de l’une d’entre elles, a entendu un militaire répercuter l’ordre de tuer « tous ceux du Sud ». Ce qui, d’un point de vue juridique, confirme le caractère génocidaire du massacre.