« Face à des maux endémiques tels que le trafic d’armes, le commerce illicite, le pillage des ressources ou les rébellions menées par des aventuriers, il faut organiser la riposte en s’appuyant sur des principes clairs et reconnus.
Le premier d’entre eux est la condamnation sans faiblesse de toutes les formes de prise illégale du pouvoir. C’est la règle instituée par l’OUA, lors de son Sommet d’Alger. C’est la position constante de la France. Les alternances réussies dans plusieurs pays démontrent que c’est la bonne voie. Y déroger serait nier toute valeur aux dispositions fondamentales fixant la règle du jeu démocratique. Mais, dans le même temps, il faut rejeter la surenchère de la violence pour privilégier le dialogue. Le dialogue politique désarme la violence alors que la riposte l’exacerbe. D’où qu’elle vienne, la violence doit être dénoncée. Leurs auteurs ont désormais à craindre d’être sanctionnés par la Cour pénale internationale qui étend sa protection à tous les citoyens du monde. Il est fini le temps de l’impunité, le temps où l’on justifiait la force. Doit venir maintenant le temps où l’on fortifie la justice. »
(Jacques CHIRAC, discours d’ouverture au Sommet France-Afrique de Paris, le 20/02/2003).
Nous publions dans leur intégralité ces deux paragraphes dont n’ont été retenus (et félicités) que quelques mots : « Il est fini le temps de l’impunité. » Cette maxime ponctue un « premier principe », édicté par l’OUA : « La condamnation sans faiblesse de toutes les formes de prise illégale du pouvoir », alors que près des trois-quarts des pays africains sont encore des dictatures, dont la « légalité » (au Togo, à Djibouti ou au Congo-B par exemple) interdit tout renversement « légal ». « La fin de l’impunité » vise donc d’abord directement ceux qui songeraient à d’autres voies que « le dialogue » avec les tyrans.
Bien évidemment, cette règle souffre autant d’exceptions que n’en décide arbitrairement celui qui l’énonce. S’il faut dénoncer « les rébellions menées par des aventuriers », que viennent faire les bienveillances parisiennes envers le Libérien Taylor, le sierra-léonais Sam Bockarie, les mutins ivoiriens ou le général Bozizé ? Se pourrait-il que leurs « aventures » soient ipso facto absoutes, en ce qu’elles siéent à la Realpolitik chiraquienne ?.