Survie

A fleur de presse

Burkina Faso : À FLEUR DE PRESSE : Françafrique

(mis en ligne le 1er mai 2003)

L’Indépendant (Ouagadougou), Journée nationale du pardon. Quand le pouvoir provoque la famille Zongo, 01/04 (Michel ZOUNGRANA) :

« Pour la commémoration de la journée nationale de pardon, les “grandes conférences“ délocalisées du ministère des Arts, de la Culture et du Tourisme ont élu domicile à Koudougou, ville frondeuse depuis l’assassinat d’un de ses valeureux fils (le plus valeureux du reste) [le journaliste Norbert Zongo, tué parce que ses enquêtes serraient de trop près les crimes du régime]. Le thème choisi, “La notion du pardon dans la société traditionnelle mossi”, [...] s’adressait plus particulièrement à la famille Zongo, qui, jusque là et avec juste raison, a refusé de succomber à toutes les opérations de charme tendant à la faire pardonner un crime odieux dont elle ignore jusqu’à présent l’auteur ou les auteurs. Avec ce thème, le pouvoir de Blaise Compaoré semble être passé à une autre étape : celle des menaces. Albert Ouedraogo, le conférencier du jour, a conclu sa communication en indiquant que le refus du pardon dans la société mossi signifie la mort. [...]

Si l’on [... considère] toutes les familles des victimes des crimes impunis qui ont refusé d’adhérer à la Journée nationale du pardon, on se rend très vite compte que le contexte ne cadre nullement avec ce refus [... du pardon traditionnel mossi]. L’aveu du crime n’a pas été fait. Pire, on a tout fait pour brouiller les pistes, pour que les parents des victimes ne sachent jamais la vérité. [...] C’est bien ce qui explique et justifie le refus massif des familles [de participer] à cette journée organisée par le pouvoir dans le but d’enterrer les nombreux dossiers pendants. [...] Le Naaba de Koudougou s’est personnellement impliqué (sans doute avait-il été approché par le pouvoir ?) pour tenter de convaincre la mère de Norbert Zongo à accepter le pardon. Il a rencontré un niet franc et définitif. Albert Ouedraogo est le nouveau joker. [...] La famille Zongo sait désormais que le refus du pardon signifie la mort. ».

Nos lecteurs s’en souviennent sans doute, « l’affaire Zongo » est au cœur de la bataille civique et politique des Burkinabè pour la démocratie et l’État de droit, contre une autocratie associée depuis 16 ans aux trafics mafieux des « seigneurs de la guerre » africains. La pression est donc maximale pour enterrer définitivement cette affaire. La famille résiste, à l’image du grand Norbert Zongo.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 114 - Mai 2003
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