Là encore, les pressions internationales en faveur d’un gouvernement de réunification ont officiellement abouti, tandis que les incendiaires redoublaient d’ardeur. Le 1er avril, les 362 délégués du Dialogue intercongolais ont adopté à Sun City (Afrique du Sud) la Constitution de Transition, promulguée solennellement le 3 avril. Pour Moustapha Niasse, l’inlassable médiateur sénégalais (aidé par une forte équipe de diplomates sud-africains), « il ne doit plus y avoir, dans ce pays, de rebelles ni de belligérants ». Le 7 avril, le président de la Transition, Joseph Kabila, prêtait serment.
Entre-temps, au moins trois cents personnes étaient massacrées le 3 avril en Ituri, dont beaucoup à la machette, dans une zone où opère l’armée ougandaise. Dix jours plus tard, un carnage était commis à Burhale, au Sud-Kivu, avec la complicité probable de l’armée rwandaise : hommes et garçons brûlés dans des cases en planches, femmes systématiquement violées.
Se confirmait ainsi la conclusion d’un article d’Adrien de Mun dans La Croix (08/04) : « Ces armées manipulent les groupes ethniques locaux et les conduisent délibérément à commettre des crimes contre l’humanité. [...] L’objectif est double : inspirer la terreur et faire croire que les Congolais se combattent entre eux afin de dissimuler et de perpétuer l’occupation » - motivée notamment par l’accès aux richesses du sous-sol (cf. À fleur de presse, Odeurs de pétrole).
Nuançons un peu : les manipulations sont assez nombreuses et sophistiquées pour que les Congolais se combattent réellement entre eux.
Comment stopper cette escalade dans l’horreur ? Dans un communiqué publié le 17 avril, Survie a demandé à l’ONU de « rassembler d’urgence tous les moyens nécessaires pour mener, partout où des massacres sont signalés, des commissions d’enquête approfondies. La Cour pénale internationale a été instituée pour juger les crimes contre l’humanité. Et si la menace de ses sanctions “aidait” les acteurs du conflit à trouver des solutions politiques à leurs différends ? »