Survie

Procès Elf : Le droit et la morale

(mis en ligne le 1er mai 2003)

Le juge Renaud Van Ruymbeke continue d’enquêter sur Elf, aidé par les perquisitions du juge suisse Daniel Devaud dans les comptes de Rivunion, une filiale genevoise de la compagnie pétrolière.

Mis en cause dans cette nouvelle instruction, le préfet Jean-Charles Marchiani s’est confié à Libération (01/04) : oui, il a été, via l’une de ses fondations au Liechtenstein, l’intermédiaire de versements à des personnalités du Congo-Brazzaville (où Elf a nourri aussi les deux camps de la guerre civile) : « C’est de l’argent congolais », assure-t-il (il s’agit plutôt, en l’occurrence, de l’argent des “abonnements”, ces prélèvements sur la vente de chaque baril qui permettent à Elf de s’attacher les responsables politiques africains). « Nous avons reversé, pour des raisons humanitaires ou politiques, en tout cas pour l’intérêt de la France et dans le respect du droit et de la morale, des sommes pour telle ou telle faction. Nous avons effectué des opérations de ce type une dizaine de fois. »

On notera que le préfet s’assimile à Elf (« nous ») et qu’il identifie un peu facilement l’intérêt de la France à « la morale ». Les innombrables victimes des « factions » congolaises et angolaises ne partagent pas forcément ce point de vue.

Sans doute dans un but dissuasif, Jean-Charles Marchiani rappelle qu’il n’est que l’élément d’un système, avec d’autres chaînons : « À chaque fois, il y a eu un contrôle a priori. La traçabilité de l’argent, depuis l’origine jusqu’à la destination finale, était connue. »

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 114 - Mai 2003
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