« Jeune médecin [... j’organisais des livraisons d’armes aux Biafrais (en guerre de sécession avec le Nigeria, 1967-1970)], sous couvert d’action humanitaire et avec la bénédiction de Jacques Foccart ! [...] Cette opération, organisée par Pierre Messmer, alors ministre de la Défense, et par mon père [Michel], qui était alors au Quai d’Orsay, reste une fierté pour moi. [...] Mais ce que personne ne savait, c’est qu’à l’aller, nous ne partions pas à vide : aux côtés des vivres et des médicaments, il y avait des armes pour les forces biafraises en lutte contre Lagos. »
(Bernard DEBRÉ, ex-ministre de la Coopération (1994-1995), répondant avec Jacques Vergès aux questions d’Éric Branca dans un livre d’entretiens, De la mauvaise conscience en général et de l’Afrique en particulier, Éd. Jean-Claude Lattès. Cité par La Lettre du Continent, 24/04).
L’instrumentalisation de l’humanitaire dans la guerre menée par la Françafrique contre le Nigeria, par Biafrais interposés, avait déjà été démontrée en 1980 par un ancien conseiller d’Houphouët, Jacques Batmanian, alias Jacques Baulin (La politique africaine d’Houphouët-Boigny, Eurafor-Press). Pièces à l’appui. Mais Foccart avait disqualifié cette thèse d’un « aigri ». Cette fois, c’est un ancien ministre de la Coopération qui se dit très fier d’avoir transporté des armes sous le sigle de la Croix-Rouge. C’est clair, la « mauvaise conscience » ne l’étouffe pas plus que Me Jacques Vergès. Ils préfèrent concourir pour la médaille du cynisme françafricain. Mais la concurrence est rude.