Comment saborder l’instruction menée à Meaux sur l’affaire des « disparus du Beach », un crime contre l’humanité commis en 1999 à Brazzaville par le clan Sassou ? La Françafrique, spécialiste des étouffements judiciaires, pensait tenir l’idée de génie - exposée en long et en large par Jacques Vergès, l’avocat de la présidence congolaise et des sous-sols de l’Élysée : la justice française se mêle de ce qui ne la regarde pas, elle ne respecte pas la justice d’un État souverain.
Et le Congo-B de traîner la France devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, lui demandant de statuer en urgence pour empêcher « l’irréparable ». Avec l’espoir que la CIJ laisserait la justice congolaise traiter le dossier... « Les autorités françaises », selon Le Monde (18/06), espéraient sans doute elles aussi que La Haye « les débarrasserait de l’affaire ».
La Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) s’est beaucoup mobilisée pour qu’il n’en soit pas ainsi. Et la CIJ n’est pas tombée dans le piège de l’instrumentalisation. Par 14 voix contre 1, elle a tranché en faveur des magistrats de Meaux, qui instruisent sur la base de leur compétence universelle en matière de crimes contre l’humanité : leur travail ne fait courir aucun risque ou préjudice « irréparable » aux autorités congolaises.
Cette décision ne juge pas au fond. Elle a néanmoins été fêtée comme une victoire par les démocrates congolais et les défenseurs des droits de l’Homme.