« On ne peut pas à la fois revendiquer la stratégie de compétition et critiquer les États-Unis parce qu’ils la gagnent (sur l’Irak ou les OGM, sur la culture ou la militarisation). Si quasiment toutes les multinationales produisant des OGM adhèrent au Conseil mondial des entreprises pour le développement durable, c’est que le « “DD” peut servir de colifichet bien présentable. [...]
On voit bien que la société perd pied devant la technoscience, et les lobbies qui en vivent, quand le principe de précaution se trouve lui-même en difficulté. [...] Qui donc a demandé que le monde soit compétitif [...] ? Le jeu stérile de la compétition, comme une réminiscence applaudie de la bête, est une insulte à ce que nous pourrions être, si ce n’est à ce que nous sommes. Ce qu’on appelle “le service public”, dont on fustige aujourd’hui le manque de compétitivité, n’est-ce pas la forme généreuse et sûre de l’organisation des hommes, pour apprendre, pour se soigner, pour vivre mieux ensemble ? [...] Comment promettre un développement durable au moment où une contre-révolution opportuniste ruine un siècle de conquêtes sur la bêtise ? Nous ne voulons pas de ce déguisement du marché par le développement durable, c’est un autre monde que nous voulons, construit sur l’épanouissement des humains dans leur équilibre avec la planète. »
(Jacques TESTART, directeur de recherche à l’INSERM, expliquant dans Libération du 30/05 pourquoi il a démissionné de la présidence de la Commission française du développement durable).