Incontestablement, bien des brèches ont été ouvertes en avril dans la négation de la complicité française avec les auteurs du
génocide de 1994 au Rwanda. Dans nombre de médias et une partie de l’opinion publique française. Certaines brèches bien
visibles, d’autres minuscules. Il faut maintenant nous employer à les élargir, à ne pas laisser refermer ce scandale, telle une
plaie suppurante.
Survie va s’y employer, au sein de la “ Commission d’enquête citoyenne sur le rôle de la France durant le génocide des
Tutsi au Rwanda en 1994 ” (CEC), qui va se prolonger et progressivement s’élargir. Nous recevons régulièrement de
nouveaux témoignages, dont certains peuvent s’avérer décisifs. Tout cela demande des vérifications pour lesquelles nous
avons commencé de nous associer diverses compétences.
Avec des juristes, nous nous efforçons aussi d’élargir au domaine judiciaire le refus de la négation et de l’impunité, en
examinant précisément les possibilités de plaintes contre des complices français. Un mémorandum est en préparation sur le
sujet, en parallèle à la mise en forme du rapport de la CEC et celle des actes du colloque du 27 mars à l’Assemblée nationale.
Trois ouvrages en chantier, dont le premier devrait être publié assez rapidement. L’élargissement de nos champs de travail
requiert de nouvelles énergies compétentes. Avis aux intéressés !
L’inavouable et inouïe complicité française au Rwanda est le sommet d’une criminalité françafricaine proliférante,
surabondante en pillages, escroqueries, tortures, massacres, crimes contre l’humanité. Rendre incontournable l’aveu de
cette complicité permettra d’ouvrir le regard des Français à la perpétuation de cette criminalité – le plus long scandale de la
République.
Au cœur de la récurrence criminelle, il y a le soutien banalisé à des dictatures néocoloniales. Il s’agit maintenant d’aider à
élargir les peuples africains de l’emprisonnement, la sorte d’esclavage en quoi les réduisent ces tyrannies. C’est le sens de la
campagne que nous lançons en ce mois de mai, une campagne qui durera jusqu’à la chute de la dernière “démocrature”
(dictature “légitimée” par un scrutin truqué) soutenue par Paris dans ses anciennes colonies. Nous ne prétendons pas
imposer à ces pays une forme de gouvernement, nous nous rallions à cette grande majorité d’Africains qui réclament le droit
de pouvoir choisir librement leurs dirigeants, en tournant la page des régimes installés ou prolongés par l’étranger.
Et nous préparons pour le 24 juin une relance de notre refus des “ mondes sans loi ”, les paradis fiscaux. Un autre axe
central de nos revendications citoyennes.
Concluons en forme de raffarinade : les voies de l’action sont larges, il suffit de les emprunter.