Coïncidant avec les cérémonies du 7 avril – dans la nuit du 8 au 9 pour être précis –, la branche armée [1] des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) a fait une incursion, à partir du Nord-Kivu, dans la province de Gisenyi au nord-ouest du Rwanda.
Au nombre d’une petite dizaine de mille selon l’ONU. Composées pour partie d’anciens militaires des ex-Forces armées rwandaises (FAR) et de miliciens Interahamwe, ces forces seraient-elles “encouragées” à entretenir une tension destructrice de tout espoir de paix dans la région ? C’est ce que pensent de cette situation explosive quelques observateurs avisés, ajoutant que des “ mentors ” viseraient une “ revanche ” sur le FPR… Qu’en est-il ?
Depuis le 8 avril, la tension s’accroît. Le Rwanda concentre des troupes sur ses frontières avec la RDC et le Burundi pour prévenir toute attaque des FDLR. Puis, selon l’ONU, des troupes rwandaises [2] sont entrées au Congo dans le secteur de Bunagana (Nord-Kivu) [3]. Le 22 avril, dans le Sud-Kivu, des affrontements semblent avoir opposé l’armée congolaise et “ des rebelles hutu rwandais opposés au régime de Kigali ” : “ L’armée congolaise a lancé une vaste offensive contre les FDLR ”, a déclaré à l’AFP, sous couvert d’anonymat, un diplomate européen en poste à Kigali.
Le gouverneur du Sud-Kivu a confirmé les combats, qui auraient eu lieu à la suite d’attaques de membres des ex-FAR et miliciens Interahamwe. Selon l’AFP, un responsable des forces de l’ONU (la Monuc) au Sud-Kivu aurait fait remarquer (sous couvert d’anonymat) : “ Reste à savoir si ce n’est qu’un spectacle pour rassurer Kigali ”. Que d’anonymat.
Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la RDC (Congo-Kinshasa), William Lacy Swing, s’est rendu dans l’est de la RDC pour “ faire le point sur ce qui se passe dans les Kivus ”. Vaste besogne. Le représentant spécial a adressé des courriers aux ministres des Affaires étrangères du Rwanda et de la RDC pour demander à ces deux pays qu’ils évitent “ toute escalade de la tension ”. Dans un communiqué, la Monuc invite les deux gouvernements à entrer en contact pour coordonner leurs opérations.
Le porte-parole de l’armée rwandaise a réagi en affirmant qu’en effet, tout le monde devait coopérer, “ pas seulement le Rwanda et la RDC ”. C’est à dire ?
Selon le journal Le Soft de Kinshasa (09/04), le secrétaire d’État français aux Affaires étrangères Renaud Muselier, furieux de la dénonciation du rôle de la France dans le génocide de 1994 lors de la cérémonie du 7 avril, par le président Kagame en personne, aurait promis “ des plaies et des bosses ” au ministre rwandais des Affaires étrangères rwandais Charles Murigande : “ Ce que vous avez fait est inacceptable. Vous avez mélangé la commémoration et la polémique ! On va régler ça en un autre lieu. ” Lequel ?
Par ailleurs, y aurait-il, comme l’affirment d’autres sources encore, des “conseillers” français dans le Sud-Kivu ? Si oui, pour conseiller qui, en quoi ?
Que de questions. Baril de poudre.com.