Le mois dernier (Billets n° 125, p. 4), on avait intitulé Biya vole une salve sur l’acquisition d’un gros avion par le chef de l’État camerounais. Il s’agissait d’une allusion à un jeu d’enfant, autrefois bien connu, intitulé « pigeon vole ».
On ne croyait pas si bien dire.
On vient de découvrir en effet que Biya s’est fait proprement « pigeonner » dans l’achat de cet engin. Le Cameroun a dépensé des sommes folles pour aménager somptueusement un vieux coucou bon pour la ferraille, refilé à prix d’or à un parvenu godiche.
Le voyage inaugural qui devait emmener le chef et sa smala à Paris pour la réunion organisée par Chirac à propos du fleuve Niger (cf. Billets n° 125, p.12) s’est mal passé : train d’atterrissage capricieux, tournoiements au-dessus de Douala. L’avion a fini par se poser sur un aéroport parisien, mais il n’a ramené au Cameroun, quelques jours plus tard, que quelques sous-fifres intrépides.
Un autre avion de la flotte présidentielle est venu du Cameroun récupérer le plus précieux de la cargaison. Rien que des économies pour le budget du Cameroun. Il semblerait que l’acquisition de ce « rossignol » ait fait quelques heureux au passage, pas seulement le vendeur, mais aussi quelques intermédiaires.
Quand on gouverne par la corruption, il faut s’attendre à ce genre de désagrément parfois. Ce qu’on appelle « l’arroseur arrosé ».