Par communiqué de presse du 14 avril
2004 (8232/04), le Conseil de l’Union
Européenne conditionne son aide au
Togo : elle pose un certain nombre de
dates butoirs pour que la « République »
togolaise donne des gages de
“démocratie apaisée”, dans le contexte
des élections législatives.
Ainsi, après
avoir cautionné le maintien d’Eyadema
dans tous ses pouvoirs, la France lui
rédige et lui fait admettre un bréviaire de
la démocratie et de l’État de droit qui
satisfait en apparence les revendications
en la matière. Et tout le monde de
s’extasier, alors qu’en réalité le dictateur
garde tous les pouvoirs de ne pas
l’appliquer – ou d’intimider ceux qui
voudront l’appliquer. Mais entre-temps
l’UE aura réamorcé la pompe à fric.
Celles et ceux qui écoutent ces
promesses s’engagent donc à croire, par
exemple, que le Togo est soumis à
l’échéancier suivant (non exhaustif) :
- depuis mi-avril, « engagement de garantir, sans délai, aux média, ONG et représentants de la société civile l’absence de tout harcèlement, censure ou intimidation [... et] à tous les acteurs politiques et de la société civile et à tout citoyen le droit à la libre expression, à participer aux réunions et aux manifestations pacifiques, en public et sur tout le territoire national, en l’absence de tout harcèlement, censure ou intimidation. »
- pour fin mai 2004, « engagement de libérer l’ensemble des prisonniers politiques, clairement détenus en raison de leur opposition politique »
- pour mi-juillet 2004, « engagement de transmettre au parquet tous les dossiers de personnes qui sont en détention préventive ou en liberté provisoire en vue d’une clarification de leurs cas en conformité avec la législation en vigueur »
- pour mi-octobre 2004, « engagement de procéder [...] à une révision du cadre électoral » et « engagement de revoir le code de la presse et de la communication pour l’amener à un niveau conforme aux standards internationaux »
- pour mi-janvier 2005, « engagement de revoir le mandat et le statut de la Commission des droits de l’Homme, en vue de garantir son indépendance effective par rapport aux autorités administratives »
- pour mi-avril 2005, « engagement de mettre en place les conditionsnécessaires pour que les Assemblées municipales, démocratiquement élues, disposent du mandat et des ressources
nécessaires pour assurer une administration locale efficace et
démocratiquement légitimée »...
Au moins, les problèmes sont listés et
officiellement reconnus. On oublie juste
de les appeler par leur nom : Eyadema.