Ancienne filiale d’Elf, la société d’ingénierie pétrolière Technip avait de qui tenir quant au volume et à la multiplicité des commissions qu’elle a distribuées. Leur révélation progressive, grâce à quelques magistrats suisses, est en passe de transformer « l’affaire Technip » en « une nouvelle saga judiciaire, dans la lignée de l’affaire Elf » (Le Parisien, 13/05). Avec l’ex-directeur Georges Krammer en émule d’André Tarallo.
Le juge Renaud Van Ruymbeke avait déjà mis à jour toute une tuyauterie de détournements autour du traitement du gaz nigérian, remontant entre autres jusqu’au vice-président américain Dick Cheney (cf. Billets n° 119).
Il est désormais mandaté pour enquêter sur le matelas de bakchichs autour d’une raffinerie égyptienne, en 1997. Trois sociétés offshore ont reçu une cinquantaine de milliards de dollars.
L’une d’elles, Cedric, basée au Luxembourg, est contrôlée par l’homme d’affaires irako-britannique Nadhmi Auchi. Une vieille connaissance. Ce bon ami de Pasqua est sans doute l’un des “intermédiaires” les plus riches et les plus incontournables des deux dernières décennies, avec Marc Rich et Arcady Gaydamak.
Intermédiaires entre le monde des affaires respectueux des lois et les « mondes sans loi » qu’ils ont contribué à dilater. Entre l’Occident et l’Orient, le Nord et le Sud, avec un faible pour les dictatures.
Cedric aurait perçu 24 millions de dollars de Technip. Motif, selon un ancien de la société : « Krammer a expliqué qu’il fallait verser ces fonds pour éviter d’avoir Auchi contre nous » (Le Parisien, 13/05).
Voilà une intermédiation où l’heure de non-travail a rapporté gros. Et qui donne la mesure d’un personnage auquel était adossée une partie de la Françafrique.