Survie

Jacques Chirac en novembre à Brazza

(mis en ligne le 1er septembre 2004) - François-Xavier Verschave

La Lettre du Continent, Jacques Chirac en novembre à Brazza, 29/07

« Jacques Chirac ne devait s’arrêter qu’à Dakar avant de participer le 25 novembre au sommet de la francophonie à Ouagadougou. Selon nos informations, une "descente" au Congo-B avant le retour sur Paris est aujourd’hui envisagée. […]

Sassou […] compte sur Jacques Chirac pour qu’il l’aide à devenir un "parrain" écouté dans la résolution des conflits des Grands Lacs. Comme Bongo, Sassou soigne ses relations avec tous les hommes de pouvoir à Paris. Aussi a-t-il longuement reçu, dans la soirée du 19 juillet, le grand argentier Nicolas Sarkozy. Les deux hommes ont un ami commun : l’ancien Premier ministre ivoirien Alassane Ouattara. Le président congolais avait auparavant déjeuné le 16 juillet, place Beauvau, avec le ministre de l’Intérieur, Dominique de Villepin, qui avait géré personnellement l’affaire du Beach à grands coups de gueule. […]

À l’Élysée, le chef d’État congolais a obtenu une annulation de 250 milliards FCFA de la dette extérieure pour pouvoir signer avec le FMI. Cette opération se fera dans le cadre d’un petit micmac : le Congo remboursera un peu la France qui annulera beaucoup… De même, Paris va passer l’ardoise magique sur des prêts du FAD (BAD [Banque africaine de développement]) pour que les experts du Fonds soient contents ! […]

Le chef de l’État [congolais] a également "audiencé" Thierry Desmarest, le PDG de Total qui s’inquiète des éventuelles répercussions des mauvaises relations entre la France et l’Angola sur ses intérêts au Congo. D’importants champs en eaux profondes vont être développés sur la frontière maritime congolo-cabindaise, dans le cadre d’un projet d’unitisation.

Le réseau le plus solide de Sassou III à Paris est celui des "frères de lumière". Selon nos informations, le président congolais a reçu les anciens Grands Maîtres du Grand Orient de France : Philippe Guglielmi et Alain Bauer. Enfin, Claude Dahou, Assistant Grand Maître pour les relations avec l’Afrique de la Grande Loge Nationale Française GLNF – Sassou est très proche du Grand Maître de cette obédience, Jean-Charles Foellner –, a organisé une rencontre avec des responsables de Thalès (Claude de Peyron, conseiller diplomatique et Yann de Jonmaron, directeur Afrique). »

On dirait un catalogue des modalités du soutien françafricain à un dictateur criminel contre l’humanité, qui a ruiné par la guerre et le pillage son pays riche en pétrole, au point d’en faire l’un des plus endettés de la planète. Soutien politique, avec le probable voyage à Brazzaville du Président français et la courtisanerie de ses successeurs putatifs. Soutien politico-économique de Total, la plus grande entreprise française. Soutien financier : les citoyens français sont mis à contribution, à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros, non pour alléger vraiment la dette qui pèse sur les Congolais (ce serait justice), mais pour permettre au(x) voleur(s) en chef de voler à nouveau.

Soutien initiatique, encore, qui discrédite un peu plus l’idéal humaniste affiché par les Grands Maîtres des deux plus importantes obédiences franc-maçonnes françaises. Franchement, quel humanisme y a-t-il à rapprocher le fabricant d’armes Thales avec l’un des pires criminels néocoloniaux ?

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 128 - Septembre 2004
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