Survie

Sarkozy attendu dimanche à Alger

Sur la voie du « partenariat d’exception »

(mis en ligne le 1er septembre 2004) - François-Xavier Verschave

L’Expression (Alger), Sarkozy attendu dimanche à Alger. Sur la
voie du « partenariat d’exception », 23/08 (Nadira BEL)

« Le périple de Bouteflika en terre hexagonale pour assister aux
commémorations du 60 anniversaire du débarquement en
Provence a été une occasion propice pour pousser les relations
bilatérales dans le sens de la consolidation. Sarkozy, qui doit
mettre en place les mécanismes de la refondation à travers le
paraphe de plusieurs projets, revient le 29 du mois courant en
ramenant dans sa valise des contrats tout aussi alléchants que
ceux qu’il a pu décrocher lors de son dernier déplacement en
juillet dernier. […] La célérité avec laquelle est engagé ce partenariat dénote l’importance qu’a pris soudainement le
marché algérien d’autant plus que le vent tourne actuellement en
faveur de l’Algérie qui engrange des réserves de change
estimées à 40 milliards de dollars. […]

La dernière visite de Sarkozy s’était soldée par la signature
d’un aide-mémoire sur le partenariat pour la croissance et le
développement portant sur deux milliards d’euros. Le grand
argentier de l’Hexagone avait alors eu cette subtile phrase pour
qualifier son exploit : “Jamais la France n’a signé un accord
économique aussi important
”. Elle résume à elle seule
l’importance des marchés accordés aux opérateurs français qui
ne comptent pas s’arrêter à ce niveau d’échanges. Le montant
de l’accord s’élève à deux milliards d’euros. 288 millions de conversion de dettes en investissements, 780 millions crédits concessionnels [à taux réduit], 1 milliard de crédits commerciaux garantis par la Coface destinés à couvrir de futurs contrats, notamment dans les secteurs des transports, des
télécommunications, de l’électricité, des hydrocarbures, des
biens d’équipements industriels, des services urbains et de
l’habitat. Le secteur de l’eau a eu lui aussi une enveloppe
financière conséquente. […] Un net intérêt est accordé à la
sphère économique privée dans le but de « favoriser la
croissance et l’emploi ».

Le ministre français avait déclaré : « La partie française
soutiendra, auprès du Club de Paris [celui des créanciers publics],
la demande de porter à 30 % le plafond de conversion de dettes
en investissements actuellement limité à 10 % de la dette
éligible
. » […]

La visite de la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-
Marie, qui a séjourné à Alger les 16 et 17 juillet dernier, a permis
de poser les jalons d’une coopération militaire efficiente. […] Le
journal français Le Monde avait rapporté que l’Algérie compte
acquérir des avions de chasse français de type Rafale. Le
contrat aurait été formellement conclu entre les deux chefs
d’État, algérien et français, lors du déjeuner privé qu’a offert
Chirac à Bouteflika au fort Brégançon dans le Var, au lendemain
de la commémoration du débarquement de Provence. »

Merci à ce journal algérois de nous exposer les termes du deal. En
échange du soutien diplomatique et financier français à une dictature
tortionnaire (les contribuables hexagonaux vont financer tout le dispositif
et assumer les risques pris par la Coface), l’ami Dassault et les
multinationales tricolores qui dominent les secteurs évoqués vont se
goinfrer de contrats gonflés de commissions et rétro-commissions. Le
Top 100 du MEDEF va pouvoir aussi récupérer les morceaux les plus
juteux du secteur public. La rente pétrolière est trop sérieuse pour rester
entre les mains du peuple algérien.

Le sujet est sensible : la référence à l’achat de Rafale a été retirée d’un
article du Figaro sur ordre du groupe Dassault, propriétaire du quotidien
et constructeur des Rafale, qui souhaitait davantage de discrétion... (cf.
Libération du 27/08).

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 128 - Septembre 2004
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