Survie

Pasqua “persécuté” jusqu’à l’offshore

(mis en ligne le 1er octobre 2004) - François-Xavier Verschave

Dans l’ex-duo vedette de la Françafrique, Jacques “Stan Laurel” Chirac a laissé tomber Charles “Oliver Hardy” Pasqua, fortunes faites.

Alors que Jacques trouve toujours un échelon judiciaire pour annuler les procédures à son encontre (avant de bénéficier d’une immunité présidentielle en béton grâce au compère Roland Dumas), Charles n’est plus ménagé par le parquet.

Le juge Philippe Courroye a donc libre cours pour chercher les magots de
Charlafric. Un filon gargantuesque, alimenté entre autres par la Corsafrique.
Lionel Jospin s’était fait établir un « rapport Matignon » déroulant tout l’organi-
gramme de ce réseau mafieux, branché sur les trafics d’armes et de drogue,
assurant une circulation intercontinentale de l’argent sale tel un réseau d’égouts
dont les accès à la surface seraient les jeux, paris et casinos.

Mais cette synthèse d’informations n’avait pas eu de suite judiciaire, ledit réseau étant lié aux origines du mouvement gaulliste et à ses “services d’ordre” successifs, anti communistes puis néocoloniaux. Or Lionel Jospin a capitulé dès 1997 devant la Françafrique néogaulliste, et il ne voulait pas d’ennuis en Corse.

Philippe Courroye n’exposera sans doute pas plus qu’Éva Joly le système
de cette France à fric et ses paradis exotiques. Toutefois, les croupières
qu’on lui laisse tailler à Oliver Hardy évoquent quelques techniques du blan-
chiment (à quoi sert une fortune à Monaco ou aux Caïmans si on ne peut
en profiter en douce France ?). Pour sa vraie-fausse campagne présidentielle de
2002, Pasqua s’est fait accorder un prêt de 450 000 euros par la Banque
populaire (!) de Chypre (encore un paradis fiscal européen). Ce prêt est
garanti par une société-écran Arbitron (Libération, 15/09).

Pasqua a dit au juge qu’il avait l’intention de commencer à rembourser. Deux ans après. Autrement dit, le pauvre Charles n’en avait rien fait avant d’être “persécuté” par le juge. Il en va ainsi de très nombreux prêts garantis par un compte bancaire offshore, dans un paradis fiscal : le propriétaire du compte étant le même que l’emprunteur, ou en deal avec lui, n’a aucune raison de s’inquiéter du non-remboursement. La banque est évidemment complice, au moins par aveuglement volontaire. C’est tout cela qui permet le pillage de l’Afrique, et l’érosion du financement des biens publics en France.

Nouveau président du conseil général des Hauts-de-Seine, Nicolas Sarkozy a
fait nommer son prédécesseur Charles Pasqua à la présidence de… la “fac
Pasqua”, l’université privée Léonard de Vinci, à Nanterre, sponsorisée par les
grandes entreprises françafricaines.

C’est le doyen de cette université, Noulis Pavlopoulos, qui s’était entremis avec la banque chypriote. La fac Pasqua restera un haut lieu de connaissance(s).

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 129 - Octobre 2004
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