Survie

SALVES : Total comme Elf

(mis en ligne le 1er novembre 2004)

Il en va de la Françafrique pétrolière comme du financement des partis politiques : sitôt qu’une de leurs énormités est prise en
flagrant délit, le refrain est ressassé sur les " erreurs du passé ", promptement corrigées après un grand ménage. Avec Total à la tour
Elf, qui a fait ses classes en Birmanie, et Jacques Chirac à l’Élysée, on espère qu’aucun de nos lecteurs n’est dupe.

Il est quand même utile d’observer que Total, qui a gobé Elf en profitant de l’exposition judiciaire de cette dernière, se voit rattrapée
par le juge Courroye pour avoir, de 1996 à 2001 (cette date n’étant évidemment pas un terminus), fait exactement la même chose que
sa proie : achat de décideurs en France (dont un avocat libanais sponsor de la maison Pasqua), en Russie, en Irak et ailleurs, via une
kyrielle de paradis fiscaux : Suisse, Caïman, Bermudes, Maurice, Liechtenstein, etc. (Le Monde, 01/10/2004).

En même temps, le volet suisse de l’affaire Elf montre qu’une filiale financière genevoise de cette dernière, Rivunion, " gérait tous
les circuits financiers d’Elf Gabon, Elf Congo, Elf Serepca (Cameroun) ainsi que leurs filiales (Sofineg, COFIPA, CPIH...). On a du mal
à imaginer que les présidents Omar Bongo, Denis Sassou Nguesso, Paul Biya... " viennent demander des comptes à un système qui
les appointait. Et qui passait par le Liechtenstein, les îles Vierges, Panama... (LdC, 30/09/2004). Le catalogue des paradis fiscaux est
la litanie des butins prélevés sur l’Afrique pétrolière.

François-Xavier Verschave

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 130 - Novembre 2004
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