Nous apprenons (Xinhuanet, 14/01/2005) que le chef d’État-major des armées françaises, le général Henri Bentegeat, sera à Brazzaville à la mi-janvier. Il y rencontrera le président congolais, Denis Sassou Nguesso, au sujet de la paix, de la sécurité, et de l’arrivée d’une délégation française conduite par le président Chirac dans le pays (où se tient un sommet des chefs d’État d’Afrique centrale sur le Bassin du Congo), les 4 et 5 février. Le général rencontrera également le chef d’État-major général des Forces armées congolaises (FAC), le général de division Charles Richard Mondjo, au sujet de la coopération entre les deux armées. Xinhuanet rappelle que « l’armée française apporte un soutien aux FAC, tant dans le domaine de la formation que de la dotation ».
Nous rappelons [1] que la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a annulé, le 22 novembre dernier, la totalité de la procédure judiciaire ouverte en France (tribunal de Meaux) à l’encontre de militaires et dirigeants congolais, pour crimes contre l’humanité, torture et actes inhumains : il s’agit de l’affaire du Beach, vous vous souvenez ? Au moins 350 réfugiés congolais, originaires du Pool (sud du Congo), rentrant du Congo-Kinshasa au printemps 1999, ont été enlevés au Beach, le point de passage entre Kinshasa et Brazzaville, puis massacrés tout près du Palais présidentiel. Des rescapés du massacre se trouvant en France, ainsi que des familles de victimes, ont porté plainte contre de présumés responsables du crime, dont le général Dabira, propriétaire d’un domicile dans la région parisienne. Quoi de plus normal ? Quant à l’annulation de la procédure visant les criminels, elle est un déni de justice aux normes françafricaines. Le soutien persistant de l’armée française à l’armée congolaise, dont de hauts responsables sont impliqués dans le massacre du Beach, respecte ces normes. L’effronterie du déplacement présidentiel au Congo aussi. La République ne trahit pas ses traditions.
Sharon Courtoux
[1] La rédaction s’excuse d’avoir omis d’évoquer, dans Billets n° 132, cette nouvelle, parvenue au lendemain du bouclage du n° 131.