Le dernier rapport de la FAO montre comment les règles du jeu des marchés internationaux des produits agricoles défavorisent les 2,5 milliards d’habitants du Tiers-monde qui vivent de l’agriculture. Il signale par exemple que le producteur de café ne touche que 4 % du prix de vente, et le travailleur d’une plantation de bananes seulement 2 %. La principale raison : une structure de plus en plus oligopolistique des grands intermédiaires et de la distribution.
Quatre sociétés (Neumann, Volcate, Ecom et Dreyfus) contrôlent près de 40 % du commerce mondial du café. Une trentaine de multinationales de la distribution (avec en tête Wal-Mart, puis Carrefour) règnent sur 500 millions de consommateurs, les plus aisés (Libération, 16/02/2005). Dans cette configuration complètement déséquilibrée, le « libre échange » est une plaisanterie : les poids lourds ne cessent d’attirer vers eux une part de plus en plus disproportionnée de la valeur ajoutée. Au détriment des producteurs et consommateurs pauvres. D’où l’intérêt des recherches sur le « juste échange » (cf. Billets n° 97, Lire), et des expériences de « commerce équitable ». Mais il va falloir passer à une autre échelle.
François-Xavier Verschave