Alors que le secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires à l’ONU, Jan Egeland, estime que depuis plus d’un an et demi 10 000 personnes meurent chaque mois victimes de la purification ethnique au Darfour ; alors que seulement 5 % des sommes promises par la communauté internationale pour le déploiement d’une force de paix consécutive aux accords entre le Nord et le Sud du Soudan ont été récoltées, alors que l’UA réclame 6 000 hommes pour désarmer les milices en RDC, l’OTAN s’apprête à envoyer entre 6 000 et 8 000 hommes... en Mauritanie. Le motif : entraînement de la NRF, la force d’intervention rapide, à la lutte contre le terrorisme (priorité sans commune mesure avec la sécurité des peuples...). La définition de la « lutte contre le terrorisme » n’incluant pas le terrorisme d’État à l’encontre de sa propre population, la Mauritanie, futur État exportateur de pétrole, s’est vue décerner en ce domaine un brevet de bonne conduite par l’administration Bush. La France, qui voyait d’un mauvais œil le déploiement de tant de troupes US dans son pré-carré, s’était opposée au choix du terrain de jeu lors du dernier sommet de l’OTAN à Nice. Elle semble avoir été contrainte de mettre de l’eau dans son vin.
Victor Sègre