Après avoir annoncé qu’il serait candidat à l’élection présidentielle au Togo, Kofi Yamgnane y a renoncé (AFP, 23/03) et il s’est rallié à la candidature unique de l’opposition. C’est la sagesse même. Rappelons que Kofi Yamgnane a fait une carrière politique en France, au Parti socialiste, abandonnant le Togo pendant trente ans à la dictature de l’ex-sergent de l’armée française Eyadéma, devenu maréchal-président. Jamais en effet cet homme public ne s’est opposé publiquement, en paroles ou en actes, à la dictature d’Eyadéma, soutenue par les hommes politiques français de tous bords, de Chirac à Rocard, alors qu’elle subsistait grâce à la violence et aux trucages électoraux. Rien dans sa carrière, au demeurant respectable, au service de ses électeurs français, ne le prédestinait donc à devenir, pour le Togo, une homme providentiel. Quelques malheureuses déclarations, où il mettait sur le même plan Faure Gnassingbé, rejeton d’Eyadéma, mis aux commandes par son père, et Gilchrist Olympio, fils du président Sylvanus Olympio assassiné par Eyadéma, opposant courageux à la dictature de ce dernier, ont achevé de déconsidérer sa démarche. Mais il n’est pas trop tard, bien sûr, pour qu’il serve de toute son influence le processus démocratique au Togo.
Odile Tobner