L’Union européenne s’est engagée à favoriser la démocratie et l’État de droit dans les pays du Sud avec lesquels elle coopère. L’un des moyens les plus simples est d’envoyer des observateurs aux élections pour dissuader la reconduction frauduleuse des dictatures. Or ce geste élémentaire pose un problème à l’UE : que faire si, malgré cette présence d’observateurs, la fraude a quand même lieu ? Il faudrait en tirer les conséquences et couper les ponts avec le régime en question, pour ne pas cautionner la tyrannie... Un comportement trop courageux, et qui déplairait souvent à la France, premier contributeur de l’aide européenne. Alors, l’habitude commence à se prendre de ne plus envoyer d’observateurs, pour ne plus avoir de tels cas de conscience... C’est la raison, avouée dans les couloirs bruxellois, du non-envoi d’observateurs pour les élections centrafricaines. Pour le scrutin togolais, l’UE a pu prétexter du manque de temps... Ainsi, si la dictature s’installe ou se perpétue à Bangui et à Lomé, les entreprises et les magouilles françafricaines pourront quand même émarger à l’aide publique européenne.
François-Xavier Verschave