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A fleur de presse

Djibouti : A FLEUR DE PRESSE - Françafrique

(mis en ligne le 1er mai 2005)

Le Renouveau djiboutien (www.mrd-djibouti.org), Djibouti : le hold-up permanent, 09/04 (Abdourahman A. WABERI) : « À l’issue des élections présidentielles de vendredi 8 avril 2005, aucune surprise n’était au rendez-vous. Le président sortant, M. Ismaël Omar Guelleh, élu pour la première fois en 1999, au cours d’une élection déjà entachée d’irrégularités, était le seul candidat en lice. L’opposition, légalisée récemment et réunie au sein de l’UAD (Union pour l’Alternance démocratique) avait appelé au boycott, faute d’un minimum de garanties. La seule inconnue était le taux de participation. En l’absence d’adversaire et de quorum de participation requis, le président était assuré d’enchaîner un second mandat de six ans. Ainsi va la vie politique en République de Djibouti. Ce petit pays de la Corne de l’Afrique, dernière colonie française du Continent devenue indépendante en 1977 sous la férule de l’autoritaire président Hassan Gouled Aptidon (1977-1999), abrite la plus grande base militaire française à l’étranger, à l’heure où la crise ivoirienne remet en question ce type de coopération. Elle accueille également une importante base militaire américaine, installée dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. La position stratégique est le principal atout de cette petite république forte de 750 000 habitants et dépourvue de richesses naturelles. Depuis des mois, le président sortant multipliait les sorties dans les quartiers de la capitale Djibouti et dans les cinq districts de l’intérieur, distribuant des subsides, des aides en nature et du khat, la drogue euphorisante que les gens mâchent dans toute la Corne de l’Afrique et au Yémen, tout en accusant les partis de l’opposition de tous les maux. Mais malgré les harcèlements, les fausses promesses et la mobilisation de tous les moyens de l’état régalien (les médias, la police, la fonction publique), le taux de participation est resté en réalité très bas. A preuve, “cet observateur occidental, basé à Djibouti et qui a requis l’anonymat, avait estimé, peu avant le scrutin, s’attendre ‘à des chiffres de participation mirobolants pour que Guelleh puisse légitimer sa réélection’” (Le Monde, Guelleh réélu président de Djibouti, 09/04). Ce témoignage montre combien le régime de Guelleh, bâti sur la violence et l’arbitraire, inspire de la peur jusqu’en dans la communauté expatriée, essentiellement française, traumatisée encore par l’affaire Borrel. En effet, à peine le scrutin dépouillé, le ministre de l’intérieur, M. Abdoulkader Doualeh Waïs, s’est empressé d’annoncer la bonne participation devant les Djiboutiens incrédules : “Le taux de participation est de 78,9 % grâce à la sensibilisation très forte du gouvernement, aux enjeux très importants et à une campagne électorale active” (idem). Alors que les observateurs et la presse étrangère, absente à l’exception d’un journaliste du Figaro, contredisent les déclarations du ministre : “Contrairement aux précédents scrutins, les files d’attente vendredi devant les bureaux de vote étaient extrêmement rares” (dépêche de l’AFP, 09/04). L’opposition a rejeté les résultats du scrutin, dénoncé les brutalités policières et donné sa version des faits (“un taux de participation autour de 10 % à midi”, signale un communiqué du 08/04). Elle exige pour l’heure la libération de la centaine de militants et de journalistes emprisonnés, et pour certains blessés. L’avenir est plus en plus sombre avec un président illégitime, une opposition muselée et un pays qui s’enfonce encore un plus dans la pauvreté malgré les retombées des deux bases militaires et des financements récemment venus de Dubaï. Toute cette manne financière a été accaparée par le président et son entourage. “À travers le pays, la grogne monte avec l’augmentation de la misère. De 1996 à 2002, le nombre de Djiboutiens vivant avec 1,8 dollar par jour a augmenté de près de 10 %” a constaté l’envoyé spécial du Figaro. »

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 136 - Mai 2005
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