Appel lancé par Survie, le 20/04, à l’Organisation des Nations unies (ONU), à l’Union européenne (UE), à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à l’Union Africaine (UA), et aux autorités des pays représentés dans ces institutions, la France en particulier
À l’approche des élections présidentielles qui doivent se tenir le dimanche 24 avril au Togo, l’association Survie, régulièrement informée de la situation sur place, attire l’attention sur les réalités que vit un peuple en lutte pour sa liberté, et sur ses inquiétudes. Nous rappelons : - Les irrégularités, notoires, qui entachent la préparation du scrutin, notamment en matière d’établissement des listes électorales ou de distribution des cartes d’électeurs. - Le verrouillage de l’accès aux médias nationaux au profit du candidat du pouvoir en place, Faure Gnassingbé, et les intimidations dont font l’objet les médias indépendants. - Les graves violations des droits de l’Homme et les provocations commises par les forces et milices proches du régime, qui alimentent un climat de tension déjà extrême, comme l’attestent les affrontements violents qui ont récemment opposé les partisans des deux camps en présence. - Le refus de l’UE de se rendre au Togo afin de juger du bon déroulement du scrutin, décision d’autant plus regrettable que les conditions dans lesquelles celui-ci doit se tenir sont, notoirement, périlleuses. L’Europe se contente de financer l’envoi de quelques dizaines d’observateurs de la CEDEAO : une présence insuffisante pour agir effectivement sur toute l’étendue du pays, et qui n’est pas de nature à rassurer les électeurs. - Les manœuvres diplomatiques de la France tendant à favoriser le régime en place : selon de nombreuses sources, l’Élysée exercerait de fortes pressions sur les chefs d’État de la CEDEAO afin qu’ils s’abstiennent de désapprouver avec détermination les turpitudes d’un système totalitaire prêt à tout pour se maintenir au pouvoir. - Les informations faisant état de l’envoi au Togo de parlementaires français, avec pour mission de superviser le scrutin, dont on peut craindre qu’ils se chargent de valider une élection truquée, comme ce fut le cas par le passé. - L’apparente absence d’intérêt de l’ONU pour une situation lourde de menaces. Qui interviendrait au Togo au lendemain du scrutin pour garantir le calme si le besoin s’en faisait sentir ? - Les risques d’un embrasement généralisé du pays si, comme on peut le prévoir, la fraude électorale permet à une dictature honnie depuis 40 ans de se maintenir en place. Il serait étonnant que les Togolais, mobilisés pour récupérer leur liberté, baissent les bras. Survie demande à l’ONU, à l’UE, à la CEDEAO, à l’UA, et aux autorités des pays représentés dans ces institutions, la France en particulier, de poser les actes nécessaires pour que le respect des urnes soit assuré au Togo le 24 avril. Elle demande au Président de la République, Jacques Chirac, de respecter les aspirations du peuple togolais à la démocratie, et de retirer publiquement tout soutien de notre pays au régime dictatorial.