Un jalon contre l’impunité françafricaine : Si les Congolais ont été privés de justice dans l’affaire du Beach, en raison des manœuvres de Chirac et Sassou, la FIDH a en revanche marqué un point à la cour d’assise du Gard. En juin 1999, le capitaine mauritanien Ely Ould Dah était en France en stage militaire à Montpellier. Deux de ses victimes, alors présentes, l’ont appris et ont contacté la FIDH qui a demandé l’ouverture d’une information judiciaire pour « crime de torture » commis en 1990 et 1991 en Mauritanie, période pendant laquelle plusieurs centaines de “négro-mauritaniens” avaient été torturés par la junte raciste au pouvoir. Mis en examen pour « trouble à l’ordre public national et international à caractère raciste », arrêté puis remis en liberté sous contrôle judiciaire, le capitaine s’était alors enfui pour regagner la Mauritanie, avec « la complicité des autorités françaises » selon Me Baudouin, l’avocat de la LDH.
En dépit de la complaisance des autorités françaises et des freins mis à la relance de la procédure, dénoncés par la FIDH, l’affaire sera finalement allée jusqu’à son terme. Le 1er juillet 2005, après six ans de procédures et quelques jours avant le coup d’État, la Cour d’assise de Nîmes a condamné Ely Ould Dah par contumace à dix ans de réclusion pour avoir commis directement, ordonné et organisé des actes de torture au « camp de la mort de Jreïda ». Il s’agit de la première application effective de la Compétence universelle en France. « De fait, il n’est pas impossible que la jurisprudence ainsi crée ne suscite quelque embarras du côté de la cellule africaine de l’Élysée » [L’Humanité du 06/07], commente judicieusement Jean Chatain.