Les 3 et 4 décembre prochains, Bamako accueillera le 23ème sommet des chefs d’État franco-africains, grand messe diplomatique néocoloniale qui, malgré un contexte de contestation croissante de la présence française en Afrique, gagne en ampleur à chaque nouvelle édition. Comme c’est désormais la tradition, Jacques Chirac a recruté large, bien au delà du seul pré-carré francophone, si bien que ce sont bien 53 chefs d’État (sur les 53 que compte le continent) qui ont été invités à Bamako. Une première. Certes, on ne s’étonnera pas que le putschiste « adoubé » togolais Faure Gnassingbé soit de la partie, que l’ « ennemi intime » Laurent Gbagbo soit invité à retrouver la « famille » ou que le Président Mugabé, malgré les protestations britanniques de 2003, voie son carton d’invitation réédité. En revanche l’invitation faite au putschiste mauritanien Ould Vall a de quoi surprendre, allant à l’encontre d’une « jurisprudence » des sommets franco-africains qui fait qu’un nouveau chef d’État non issu d’élections (donc sous sanctions de l’UA) n’a pas sa place à cette rencontre. On le sait, la véritable essence de ces rendez-vous biennaux reste économique et géostratégique, ce qui justifie bien quelques exceptions à la règle pour un pays où le pétrole commence à couler.
Fabrice Tarrit