« Nous sommes à un tournant identitaire, [...] car nous sommes devenus minoritaires, nous, les Guyanais. En fait, nous payons aujourd’hui les plans de peuplement lancés dans les années 1970 pour noyer les mouvements indépendantistes d’alors et sécuriser le centre spatial. Jacques Chirac, le ministre de l’Agriculture de l’époque, a joué les apprentis sorciers. »
Christiane TAUBIRA, députée (PRG) de Guyane, citée dans le dossier Outre-mer, La bombe migratoire de L’Express, le 01/12.
Ce propos est à la fois une dénonciation et un aveu. La dénonciation d’une politique d’instrumentalisation des différences ethniques pour mieux régner, grand classique colonial, s’accompagne de l’aveu qu’on a mordu à l’hameçon : nous, les vrais Guyanais, sommes envahis. Une certaine schizophrénie règne cependant, puisque Mme Taubira dénonçait « la chasse à l’homme, reconnaissable au faciès et à la pauvreté » (Libération, 19/09), au moment des déclarations de François Baroin remettant en question le droit du sol.
Pierre Caminade