Survie

Sénégal : Enjeux en Casamance

(mis en ligne le 1er avril 2006)

L’armée de Guinée-Bissau vient de relancer la guerre en Casamance, et les populations civiles sont de nouveau prises en otage. Sont visées les troupes de Salif Sadio, leader indépendantiste qui avait refusé l’accord signé en décembre 2004 entre le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MDFC) et le gouvernement sénégalais. Ce dernier ne semble d’ailleurs pas s’alarmer outre mesure de l’intrusion de son voisin guinéen sur son territoire si l’on en juge par les déclarations du ministre sénégalais des Affaires étrangères Tidiane Gadio : « C’est un pays ami et ils ne nous veulent que du bien ; même s’ils débordent dans notre frontière, [...] ils sont chez eux au Sénégal. » (Le Monde ; 22/03)

Renvoi d’ascenseur ? Depuis août 2005, la Guinée-Bissau est de nouveau gouvernée par Joao Bernardo - « Nino » - Vieira qui a déjà régné de 1980 à 1999 et a mené son pays à la guerre civile. « Le candidat de Paris » selon Le Monde [11/08/2005] - il avait rallié son pays à la zone franc CFA - est revenu au pouvoir grâce à une campagne électorale grassement financée par des fonds sénégalais. À l’époque, Vieira déclarait au sujet d’éventuelles découvertes de pétrole en Guinée Bissau : « Je viens d’arriver. J’étais absent du pays, il y a pratiquement sept ans. Je ne suis pas bien informé. Pour le moment je considère que ce ne sont que des rumeurs qui circulent dans le pays. » (L’intelligent d’Abidjan, 20/08/2005).

Rumeurs confirmées : « comme l’indiquait en février dernier un bulletin de la Société des pétroles du Sénégal (Pétrosen), au large de la Casamance, à la frontière des eaux territoriales entre le Sénégal et la Guinée-Bissau, “a été découvert un potentiel de 1 à 1,5 milliard de barils d’huile lourde” » (RFI, 24/03). Ce que la journaliste Monique Mas commente ainsi : « une affaire très sérieuse qui mérite sans doute un coup de balai bissau-guinéen dans la fourmilière indépendantiste, même si, offshore, les compagnies pétrolières ont l’habitude de gérer ce genre de risque. Au cours actuel de l’or noir, le jeu en vaut sans doute la chandelle. »

Nous sommes impatients de connaître le nom des multinationales prochainement bénéficiaires.

Victor Sègre

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 146 - Avril 2006
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