« Il y a tout juste une semaine, des élections ont eu lieu au Tchad. Elles se sont déroulées dans le calme et le président Déby en est, semble-t-il, le vainqueur. Pourtant la participation au vote a été limitée. [...] Le Tchad est un pays fragile dont l’unité nationale reste difficile à construire. [...] Le tir de semonce réalisé par un Mirage F1, devant une colonne rebelle, le 12 avril au matin avait pour but de montrer notre présence si des intentions agressives se manifestaient à l’égard de nos compatriotes. »
Michèle ALLIOT-MARIE, audition conjointe, sur la situation au Tchad, de la ministre de la Défense, devant les commissions de la Défense et des Affaires Étrangères de l’Assemblée Nationale, publication du MAE, le 10/05.
Ah qu’en termes galants... ! On savourera en effet le « semble-t-il », qui vient couvrir d’une ombre délicate la mention du « vainqueur », même euphémisation du boycott en « participation limitée ». On sera attendri par la préoccupation pour un « pays fragile », dont la construction difficile est patronnée par la France depuis quarante-cinq ans, sans le moindre succès, « semble-t-il ». Enfin on partira d’un franc éclat de rire à l’affirmation que, sans un tir dit « de semonce », les rebelles auraient ignoré qu’il y avait des troupes françaises à Ndjamena, et que ce tir, bien loin de risquer de déchaîner l’hostilité populaire contre les Français, était destiné à attaquer préventivement ceux qu’une grossière propagande faisait croire qu’ils n’en voulaient qu’à Déby.
Odile Tobner