Agence Hirondelle, D’importants témoins attendus pour la défense des anciens responsables militaires rwandais, Arusha 05/10 :
" Le général Marcel Gatsinzi, ministre rwandais de la défense, ainsi que des officiers français présents au Rwanda au début du génocide, sont attendus pour témoigner en faveur d’anciens responsables militaires rwandais jugés devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). [...] L’audition des militaires français dans le procès militaires qui doit se finir d’ici la fin de l’année fait, depuis de longs mois, l’objet de nombreuses tractations entre les équipes de défense de Theoneste Bagosora et d’Aloys Ntabakuze, le TPIR et les ministères français de la Défense et des Affaires étrangères. La défense de Bagosora voudrait faire témoigner M. Jean-Jacques Maurin, qui était lieutenant-colonel en 1994 et occupait le poste d’adjoint à l’attaché de défense de l’ambassade de France à Kigali. Dans ce but le défenseur principal de Bagosora, Me Raphaël Constant, a déjà rencontré M. Maurin à Paris en présence d’un représentant du ministère de la Défense et du ministère des Affaires étrangères. Pour Aloys Ntabakuze, son avocat, Me André Tremblay, a cité M. Grégoire de St-Quentin, qui était lieutenant-colonel lors des faits et aidait à la formation du bataillon de para commando que dirigeait Ntabakuze. Son témoignage était prévu dans les prochains jours, la présente session de ce procès devant se terminer mi-octobre mais il semble que des difficultés de dernières minutes l’aient retardé. Dans une décision rendue le 20 septembre, la chambre a fixé les modalités de cette comparution, la première d’un officier français devant le TPIR. M. de St Quentin, officier d’active qui a maintenant le grade de colonel et dont le nom est cité dans la décision, témoignera sous un pseudonyme, à huis clos, en présence d’un représentant du gouvernement français qui pourra "demander que le témoin soit dégagé de l’obligation de répondre à certaines questions pour préserver la sécurité nationale". En outre sa déposition ne sera pas communiquée à d’autres parties que celles du procès. D’autres officiers canadiens, belges ou d’autres nationalités servant au titre des Nations Unies ont déjà témoigné à plusieurs reprises lors de procès devant le TPIR, sans que la moindre limite soit imposée à leurs interrogatoires. "
Préserver la sécurité nationale ? Un danger nous guette ? On peut en douter, si ce n’est l’étalement de certaines vérités dangereuses pour l’honneur de la France. Ainsi nous ne saurons pas ce que diront ces militaires français à Arusha (sans doute à l’avantage des accusés puisqu’ils sont convoqués par la défense de ces derniers), ni si, au cours des auditions, ils seront " dégagés de l’obligation de répondre " à des questions de la défense ou à celles de l’accusation. Si la France n’a rien à se reprocher, pourquoi aller se cacher derrière un huis clos ?
Sharon Courtoux