Organisées par la Direction générale du Développement de la Commission européenne, les Journées européennes du Développement se sont tenues à Bruxelles du 15 au 17 novembre dernier avec, pour thème principal... la Bonne gouvernance ! Opportunément placé deux semaines après le Sommet Chine-Afrique qui avait rassemblé une quarantaine de Chefs d’État et de gouvernement africains, cet événement a surtout été l’occasion pour ces derniers de prôner les progrès constatés dans leur pays en matière de "gouvernance", les représentants de la société civile étant, eux, relégués dans les ateliers annexes de la seconde journée “side events" -hormis l’inévitable Aminata Traoré.
Dans leur discours de clôture, les présidents issus de la nébuleuse Françafricaine (notamment François Bozizé et Blaise Compaoré) se sont érigés en hérauts de la démocratie africaine, et excellents élèves respectueux des exigences des institutions internationales. À l’opposé, les Chefs d’État de la zone anglophone ou arrivés au pouvoir au grand dam de la Françafrique se sont montrés particulièrement critiques à l’égard des leçons de "gouvernance" imposées par la communauté des bailleurs. Ce fut le cas notamment de Ravalomanana (Madagascar), demandant avant tout le soutien à l’Agenda malgache de développement, Museveni (Ouganda), rappelant la nécessité des étapes de transition politique, Kagame (Rwanda) très critique à l’égard d’une démocratie "à l’occidentale" et Vall faisant la promotion de la transition politique et institutionnelle en cours en Mauritanie.
Quant à Louis Michel, dont les nombreuses promesses faites aux Chefs d’État ont une fâcheuse tendance à outrepasser son mandat de Commissaire européen au Développement, il a encore une fois axé son discours sur l’importance de la bonne gouvernance pour le développement des États du Sud, tout en tenant à souligner, en guise de conclusion, que "ce processus de bonne gouvernance ne devait pas être imposé de l’extérieur" et que l’UE devait se contenter "d’aider le pays à avancer dans ce processus à son rythme et selon ses priorités"... À quand un fonds mondial de lutte contre l’hypocrisie ?